Vie posthume d'Edward Markham
Pierre Cendors

Le Tripode
avril 2018
 15 €
 
 
 
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coup de coeur

The Twilight Zone

Je me souviens de la série américaine de science-fiction « La Quatrième Dimension » (« The Twilight Zone ») que je regardais enfant, de son générique mythique et du narrateur Rod Sterling qui invitait le téléspectateur à un « voyage dans une contrée dont la seule frontière est notre imagination ». Pierre Cendors nous en offre un épisode inédit, mélancolique et poétique.

Pour le dernier épisode de la dernière saison qui se termine en 1964, le producteur de « La Quatrième Dimension » demande au scénariste Todd Traumer d’écrire un finale inoubliable. Ce dernier se retire dans la solitude du désert pour composer cet ultime épisode de vingt-cinq minutes, et confie à l’acteur Edward Markham le rôle d’Usher, un télépathe travaillant pour l’armée. Pour sa dernière mission, Usher accepte de poursuivre les recherches d’une collègue qui s’est donné la mort. Tout a un parfum de fin dans cette histoire : l’arrêt de l’une des séries les plus mythiques de la télévision américaine, avec un dernier épisode conçu par un homme qui meurt juste après avoir mis un point final à son manuscrit, et joué par un acteur lui aussi condamné par la maladie. Disparition inéluctable, achèvement, tels sont les thèmes de ce roman qui célèbre dans le même temps l’immortalité du cinéma et de la littérature.

Le roman propose deux niveaux de fiction au lecteur : l’histoire de la version écrite de cet épisode, et l’histoire d’Usher, qui dès le premier plan, quitte la ville au volant de sa voiture. Au cours de son éloignement, il prend conscience de l’unique recherche qui vaille, celle d’une vérité cosmique qui dépasse l’homme. Par là même, il accède à une autre dimension, celle de l’imaginaire, de la fiction, du mythe. Comme lui, le spectateur est invité à chercher la « zone de silence » où émergent la poésie et le spirituel, car dans l’éphémère passage de toute vie destinée à la poussière et à l’oubli, il y a l’espoir d’un au-delà de la terre et des nuages. Avec un pouvoir de suggestion et l’intertextualité dont Pierre Cendors a le secret, ce court roman à la saveur de madeleine de Proust est une source de significations inépuisable. Brillant !

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