Les premières pages de ce manga s’ouvrent sur Giacomo Foscari enfant. Nous sommes dans les années quarante, en Italie. Le petit garçon admire la statue de Mercure, objet précieux qui se lègue traditionnellement de père en fils depuis plusieurs générations. Et puis, on fait la connaissance d’Andréa, qui a sensiblement le même âge que Giacomo ; joueur, bagarreur, chapardeur, vif, beau comme un dieu et libre comme l’air. Les années passent, Andréa part combattre le fascisme qui fait rage, le livre de Montale et le stylo donnés par Giacomo dans les mains.
Foscari quittera son pays pour enseigner l’histoire au Japon. La culture, la mentalité, la magnificence de la nature et les gens de là-bas lui plaisent. Mais l’Italie de son enfance ne s’est pas effacée de sa mémoire. Il continue d’écouter avec passion La Callas chanter et son père, sa mère et Andréa surgissent régulièrement dans ses rêves. Les souvenirs s’entremêlent parfois. Un jeune homme, Shusuke, lui fait étrangement pensé à son ami d’enfance. Le stylo de son père, comme un symbole se retrouvera d’ailleurs sur lui puis sur une femme mystérieuse qui semble dissimuler en elle une profonde douleur…
Le personnage de Giacomo Foscari apparaît au lecteur comme quelqu’un de taciturne et méfiant. Triste, nostalgique ? On a du mal à cerner sa personnalité et sa quête dans ce premier livre. On imagine que l’auteure a délibéremment esquissé ce personnage de cette manière pour attiser notre curiosité.
Il y a de la douceur et de la sensibilité dans le trait de Mari Yamazaki – auteure de la célèbre série Thermae Romae. Avec humanité, elle évoque tour à tour les cerisiers en fleurs, la cruauté des hommes, les blessures de l’âme, l’amour, l’amitié, la guerre, le désir… en revanche, on reste forcément sur notre faim avec moults interrogations en suspens, on espère que le prochain livre lèvera un peu le voile sur Giacomo Foscari, personnage jusqu’ici insaisissable.
Quelques mots pour préciser que ce manga est publié par Rue de Sèvres, nouvelle branche de L’école des loisirs, dédiée à la bande-dessinée.
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