Librairie Ondine
illustration Brigitte Lannaud Levy
Si cette librairie de la majestueuse côte d’Émeraude porte le poétique nom d’un génie féminin des eaux, ce n’est pas lié à sa spécialité qui est la bande dessinée et son lot d’ouvrages qui mêlent l’imaginaire et le fantastique. Ondine, était le nom du commerce de vêtements des grands-parents de Pascal Lanoë. Quand ce dernier, il y a 23 ans, a décidé avec sa compagne Blandine Orhant de créer à Dinard leur librairie généraliste avec une forte orientation BD, ce nom évocateur s’est imposé à eux comme un affectueux hommage à l’histoire familiale. Autre fidélité au passé, l’immeuble spectaculaire de la librairie – où habitait la célèbre Baronne Surcouf- doté d’une architecture qui mélange harmonieusement la pierre et l’acier est celui où vivaient justement les fameux grands-parents de Pascal. C’est ainsi que la bosse « heureuse » du commerce se transmet d’une génération à l’autre. En dehors du nom, ils ont aussi gardé l’identité visuelle des deux sirènes qui vous accueillent dans ce vaste espace où les amateurs d’albums graphiques en tous genres trouvent leur bonheur au gré des 80 nouveautés qui arrivent chaque semaine.
Démarrons avec la B.D, puisque c’est votre spécialité. Quel ouvrage nous recommandez-vous ?
« Bluebelles woods » de Guillaume Sorel (Glénat). Une histoire de Sirène, ça tombe bien. Voilà un album magnifique par l’un des plus grands aquarellistes de la bande dessinée. Après ses adaptations de Zweig et Maupassant, il nous propose une sorte de conte intime et fantastique autour d’un artiste peintre en deuil de sa femme, qui peine à se reconstruire. Il se réfugie dans sa peinture, jusqu’au jour où il rencontre une sirène. C’est magnifique.
En littérature, que nous conseillez-vous ?
« L’archipel du chien » de Philippe Claudel (Stock). Sur une île, à une époque indéfinie où les insulaires sont intimement liés les uns et les autres, trois cadavres sont retrouvés, échoués sur une plage. À cause d’un programme immobilier en cours, les habitants décident de cacher cette découverte macabre qui compromettrait leur projet touristique.
Ce roman très bien mené est écrit d’une plume précise et enlevée. Un très beau texte, à la Claudel.
Et du côté des auteurs étrangers ?
« Dans les angles morts » d’Elizabeth Brundage (Quai Voltaire).
L’histoire de deux familles aux destins tragiques dans une ferme de l’état de New York, à la fin des années 70. Un roman noir et psychologique construit par une série de flashbacks après le meurtre épouvantable d’une jeune mère au foyer. Une étude sensible de personnages avec une teinte de surnaturel.
Y a-t-il un premier roman qui a retenu particulièrement votre attention ?
« La ville gagne toujours » de l’anglo-égyptien Omar Robert Hamilton (Gallimard). Un texte engagé sur le printemps arabe en Égypte, en 2011. Le lecteur est lâché en plein cœur de la ville du Caire pendant l’insurrection au sein d’un groupe de jeunes qui animent un collectif nommé « Chaos » tentant d’informer le monde sur ces évènements. Un hymne à la liberté où souffle la fougue d’une jeunesse qui veut changer les choses.
Quel est le livre le plus emblématique de la librairie que vous défendez avec ferveur ?
« Ces messieurs de Saint-Malo » de Bernard Simiot (Livre de Poche), une trilogie historique qui retrace la saga des Carbec, une famille d’armateurs malouins sous le règne de Louis XIV. Pour les touristes qui ne connaissent pas l’histoire locale, c’est la lecture idéale. Une saga culte, très prenante et passionnante.
Quel livre vous êtes-vous promis de lire ?
« 4 3 2 1 » de Paul Auster (Actes Sud), auteur de la mythique Trilogie new-yorkaise que l’on est bien contents de retrouver à son sommet avec ce nouveau roman qui a l’air fabuleux.
Une brève de librairie ?
Ce qui nous marque le plus dans notre métier, ce sont les rencontres avec les auteurs, les clients, les éditeurs. Rencontres qui pour certaines se sont transformées en de belles amitiés durables et précieuses.
Propos recueillis par Brigitte Lannaud Levy
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ONDINE
28 rue Levavasseur
35800 Dinard
02 99 46 17 73