Tommaso MacDonnell est archéologue. Il fouille plutôt les fonds marins que les étendues de sable : ses temples et ses pyramides se sont les bateaux et les sous-marins, ses ruines se sont les épaves. Il dirige aussi une entreprise de consulting et d’ingénierie « maritime ». Il est appelé par un de ses amis d’enfance, devenu maire d’une petite ville côtière dans le Golfe de Finlande. Sa mission, s’il l’accepte, sera de confirmer ou contre-dire un rapport d’expertise sur un projet d’éoliennes que le maire et ami d’enfance veut installer dans les eaux finlandaises du Golfe.
Cette proposition tombe à point nommé pour Tommaso : il vient de perdre sa femme et sa fille dans l’incendie de sa maison et commence à peine à sortir la tête de l’eau. Il accepte pour essayer de s’éloigner de ce passé récent et mortifère.
Il y a trois histoires dans ce récit qui, bien entendu, se mêlent et s’entremêlent. C’est classique, soit, mais c’est tout de même très bien fait et en abordant des thèmes annexes qui ne sont pas inintéressants.
Premier fil : le projet d’éolienne concentre sur lui toutes les tensions locales en terme d’écologie et la pression sur les épaules d’un Tommaso fragilisé par les derniers événements de sa vie personnelle est un poids qu’il maîtrise parfaitement. Les investisseurs locaux, les associations de protection de l’environnement, le maire et les policiers locaux tournent sans cesse autour de Tommaso qui parvient malgré tout à suivre la ligne qu’il s’est fixée pour mener à bien sa mission.
Deuxième fil : mais cette mission n’est pas sans croiser des intérêts géopolitiques entre la Finlande et la Russie dont la présence dans les eaux du Golfe, aujourd’hui comme durant la Seconde Guerre Mondiale, n’est pas sans créer des tensions au centre desquelles, une fois de plus, se retrouve Tommaso.
Troisième fil : Tommaso découvre dans le mur de la petite maison mise à sa disposition par le maire une liasse de documents qui le met sur la piste d’un trésor russe issu de la Révolution de 1917. Ce fil croise donc à son tour les deux précédents pour former une pelote complexe que Denis Lépée démêlera avec brio à la fin de son roman.
Ajoutez à cela des personnages secondaires qui ne le sont pas tant que cela, des considérations sur l’amitié et les liens qui se tendent ou se détendent au fil des années, des éloignements et des aléas de la vie, des éléments qui tiennent presque du fantastique et qui demandent à Tommaso de se débarrasser des fantômes du passé, cela fait un polar dense que ce soit en terme d’intrigue à proprement parler ou de contexte et de pistes annexes. Et puis voilà un récit dans lequel la nature hostile de la mer n’est pas un vain mot : un vrai roman d’ambiance aussi, donc.