My Bloody Valentine
Christine Détrez

Denoël
romans francais
mai 2018
192 p.  18,50 €
ebook avec DRM 12,99 €
 
 
 
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Encore un roman qui peut s’accompagner d’une chanson idoine, ça devient la mode, et c’est sympa.
Toutes les difficultés d’un couple à peine recomposé après adultère est le sujet principal du livre; dés le départ, on pressent un drame, et en effet,avec beaucoup de subtilité, l’auteur détaille le comportement des amis, des enfants ;les vacances en Corse virent au cauchemar.Les ados vivent à fond leurs vacances, d’autant plus qu’une bombe d’hormones de 16ans les accompagnent, faisant tourner la tête des adultes de l’équipe.
La petite fille qui ne pense qu’à sa maman pousse à bout la pauvre voleuse de mari comme elle se définit elle-même, et la dernière phrase du livre m’a glacé le sang comme on écrit dans les romans, cette fin vaut tout le roman.
Je n’ai éprouvé de sympathie en fait pour aucun des personnages, mais reconnais la justesse de ton de C.Detrez : ou c’est du vécu, enfin presque, ou elle a recueilli de multiples témoignages sur les familles recomposées, tribus pas forcément rose.

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coup de coeur

Oh, quelle belle surprise que ce roman ! Attirée par cette magnifique photo de couverture, vaste étendue d’eau turquoise dans laquelle on a envie de se plonger, je m’empare de ce roman sur lequel je n’ai lu ni entendu aucune critique… Délicieux chemin inconnu… Impression d’entrer en pays vierge et de jouer aux explorateurs… (Même si je ne lis aucun commentaire sur un livre avant de m’en faire moi-même une idée – je me sais tellement influençable que… – il est néanmoins difficile d’échapper aux étoiles qui accompagnent les articles et aux commentaires radiophoniques.)

Donc, je tourne les premières pages de My Bloody Valentine sans trop savoir où je mets les pieds et là… il suffit de quelques lignes, je sens que je tiens du bon, du très bon même, disons-le : l’écriture ciselée, l’atmosphère tendue et étouffante, le portrait précis et si juste des personnages, les descriptions d’une telle puissance évocatrice qu’on croirait partager ces vacances en Corse… En quelques phrases, me voilà embarquée ! Je ne reposerai le roman qu’après l’avoir achevé…

Nous sommes en Corse, c’est l’été. Delphine, dont nous suivrons le point de vue, professeur des écoles, séparée de son mari, a rencontré Paul qui, de son côté, a rompu avec Isa pour vivre auprès de sa nouvelle compagne. Pour la petite Émilie, la fille de Paul, cette situation n’est pas facile à vivre, d’autant que pour elle, ce sont ses premières vacances sans sa mère. Ils ont décidé de partir avec un couple d’amis : Véro et François, accompagnés de leurs deux ados et de la copine de l’un des deux. De son côté, Delphine est venue, elle aussi, avec ses deux garçons, au moins, ils ne vont pas s’ennuyer… les ados aiment être avec leurs pairs… Même si Delphine se sent vaguement angoissée, elle se répète – c’est sa méthode Coué – que tout va bien se passer…

Ils sont donc dix et vont vivre un mois en huis clos dans cette très belle maison surplombant la mer, au beau milieu d’une végétation aride et odorante. Le paradis ? Non, pas vraiment… Des tensions vont vite éclater : les centres d’intérêt et les valeurs divergent, les revenus des uns ne sont pas ceux des autres et puis, qui est cette Valentine, à quoi joue cette Lolita d’une beauté insensée ? Et la petite Émilie, est-elle ange ou démon ? Et Véro, toujours pendue au téléphone à discuter avec l’ex de Paul, Isa, que cherche-t-elle au fond ?

Entre tensions et non-dits, silences pesants et éclats de rire tonitruants, crises de pleurs et corps enlacés, Christine Détrez peint très justement les relations complexes qui se nouent entre des gens qui se connaissent à peine et vont devoir cohabiter pendant un mois.

La justesse et la précision de son écriture traduisent à merveille cette tension qui va grandissant, la violence que l’on sent monter progressivement chez les individus, exacerbée par la chaleur étouffante de l’été et les senteurs entêtantes de la garrigue.

Et, puis, franchement, j’ai rarement lu une description si pertinente des ados de notre époque : c’est DU VÉCU (ou bien, du très très bien observé – l’auteur est professeur de sociologie!), et je SAIS de quoi je parle, j’en ai QUATRE (oui, QUATRE) à la maison ! Bluffant de réel ! Dans un sens, ça m’a rassurée, je me suis dit qu’il n’y a pas que chez moi que le frigo est à remplir tous les deux jours, les portes de placards continuellement béantes, les vêtements épars, les plats arrosés de ketchup et le langage parfois (souvent) à peine compréhensible (en plus de cela, je deviens sourde, ce qui n’arrange rien !)

Ce que j’ai trouvé aussi passionnant dans ce texte, ce sont, toujours latents, omniprésents et clivants, les rapports de classes. Dis-moi d’où tu viens, je te dirai qui tu es. Impossible d’échapper à ce qui nous détermine, nous enferme… On n’est pas loin de la tragédie grecque finalement!

Christine Détrez, retenez ce nom, car pour un premier roman, c’est un VRAI coup de maître !

retrouvez Lucia -Lilas sur son blog 

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