A vous qui avant nous vivez
Nathalie Léger-Cresson

Editions des Femmes
fiction
mars 2018
185 p.  13 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

La chauvite, c’est grave docteur ?

« Chauvite » : forme aiguë de la « grottite », obsession pour la grotte Chauvet, passion hautement contagieuse. Personnellement, les histoires de Cro-Magnon ne me captivent guère, mais après la lecture de ce roman original, drôle, aussi documenté que subjectif, j’avoue que je n’ai qu’une envie : me précipiter en Ardèche. En attendant, suivons le guide !

Un bouleversement

On reprend : la grotte Chauvet a été découverte en décembre 1994 par trois spéléologues. Longue de 500 mètres, elle comporte plusieurs salles ornées de peintures et de gravures préhistoriques d’animaux, de mains et de créatures mi-humaines mi-animales. 36 000 ans avant le présent, elle est occupée par les Aurignaciens, puis 2500 ans plus tard, les Gravettiens y ont à leur tour laissé leurs traces. Après un éboulement, l’ouverture a été bouchée pendant 20 000 ans, jusqu’à ce que nos trois explorateurs français s’y faufilent. On y trouve des techniques de peinture (ocre, charbon, estompe, perspective) et de gravure révolutionnaires, partant une pensée et des croyances qui bouleversent les idées sur l’art préhistorique.

La « chauvite », un virus contagieux

La romancière nous entraîne dans une visite enthousiaste, entrecroisant les fils de l’imagination et de la science. Elle crée des scénarios, des dialogues, des calligrammes, invente des rencontres entre un homme et une femme primitifs, un tête-à-tête entre un père et son fils d’aujourd’hui, imagine une histoire d’amour à trois, et même une conversation entre les doubles préhistoriques des inventeurs contemporains… On avance dans la lecture comme on progresserait dans la grotte où les salles s’animent avec les personnages récurrents que l’auteure met en scène. Avec une rigueur scientifique jamais pesante, Nathalie Léger-Cresson effleure d’une plume alerte le mystère de l’humanité et ses questionnements ; rapport au corps, aux émotions, aux croyances, altérité : eux, c’est finalement un peu nous.

 

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