L’auteure américaine Jennifer Egan a déjà publié quatre romans et remporté des prix dont le Prix Pulitzer ainsi que le National Book Critic Circle Award.
Avec ce nouveau roman « Manhattan Beach » déjà publié en 2017 aux États-Unis, elle fait une rentrée littéraire 2018 en France.
Elle nous raconte la vie d’une petite fille, Anna Kerrigan (douze ans) qui, au début du livre, accompagne son père, Eddie, chez un certain Dexter Styles. Entre lui et son père, semble planer un certain mystère. Mais quelques années plus tard, le drame : son père disparaît alors que le pays est en guerre. Disparition mystérieuse car sans traces : que lui est-il arrivé ? Est-il mort ?
Il faut également signaler que la sœur d’Anna, Lydia, est très malade car handicapée et dont le vie ne tient qu’à un fil. Anna est toujours là pour elle, pour la soutenir, mais Lydia finira par décéder après avoir enfin, réalisé son rêve : voir la mer.
Ce livre est composé d’une alternance de chapitres sur Anna, Eddie, Dexter, la guerre et de nombreux retours en arrière.
Anna, qui dès ses douze ans a démontré une grande force de caractère, va voir son destin basculer. D’une petite fille comme les autres, elle va se transformer en une femme qui sortira du lot dans ce New York des années trente – qui participera à l’effort de guerre pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Mais elle a au plus profond d’elle, une secrète ambition. Quand on lui pose la question de savoir ce qu’elle désire faire : « – Tu pourrais être un espion ou un détective. Personne ne saurait qui tu es vraiment, ni pour qui tu travailles.
– Je veux être un scaphandrier, dit Anna. » (p.100). C’est sa vocation.
Alors tout en travaillant dans une usine qui fournit des pièces minuscules destinées aux machines de guerre, elle se fait fort d’arriver à ses fins jusqu’à ce que, enfin, on l’embauche pour être scaphandrier au milieu d’hommes bien plus costauds qu’elle et qui se moquent de sa petite constitution. Mais rien ne sert d’être un grand dur à cuire quand il faut faire ses preuves. Et c’est Anna la plus forte !
Ainsi, son destin va basculer et elle va devenir une femme à qui l’on va confier des « missions dangereuses. »
Avec cette partie, s’entremêle sa rencontre avec le Dexter Styles qui a joué un rôle important dans sa famille mais qui ne la reconnaît pas et qui, à présent, gère des boîtes de nuit.
Jennifer Egan nous offre toute une galerie de portraits, la place des femmes et on remarque que sa documentation sur les scaphandriers est importante.
Avec son style bien maîtrisé, elle sait jouer avec les zones de mystère entourant la disparition d’Eddie Kerrigan – la vie de sa fille – la surprise d’Anna en retrouvant la montre de son père lors d’une plongée – ses doutes et ses questionnements…
Mais il faut laisser la place au mystère, à toutes les évocations et événements qui se succèdent.
C’est un roman que j’ai apprécié car il touche le milieu maritime et sous-marin – on en apprend beaucoup sur cette Seconde Guerre Mondiale vue du côté américain – il est également bien utile de décrire les changements qui se sont opérés entre les relations hommes – femmes, tous unis dans dans le but de sauver le monde. Et pour pimenter un peu l’histoire, on côtoie des gangsters ainsi que des propriétaires de night-clubs.
Chacun y verra ce qu’il veut bien voir et faire son choix.
Le mien est fait.