C’est un récit polyphonique, où l’on écoute des voix résonner, avec justesse et rigueur, comme dans une salle de danse. C’est un roman « coup de poing », dans lequel on se sent happé, comme une chorégraphie. C’est un livre pour adolescents, mais qui retourne le ventre des adultes, aussi. Si « Dancers » présente au lecteur toutes les nuances subtiles et merveilleuses de la danse – et Jean-Philippe Blondel l’évoque comme s’il dansait lui-même -, le jugement ne peut être nuancé : ce livre se lit à la hâte, comme hypnotisé.
Tout commence avec Adrien, dix-sept ans, qui danse depuis l’enfance, dans sa chambre ou dans le salon, en secret. D’emblée, il confie, à la manière d’un journal intime, la force sourde et sauvage qui le fait danser – apprise grâce à des tutoriels visualisés sur Internet -, sa volonté de ne plus penser à Anaïs, avec qui il participe à l’option danse en première, l’année du bac de français. Peu à peu, on découvre leur histoire d’amour, leur colère et leur rancœur, leur haine et leur volonté d’oublier l’autre à tout prix… parce qu’il ne sont pas seulement deux, mais trois, parce qu’il y a aussi Sanjeewa, fils de professeur de français qui vient du Sri-Lanka et qui a immigré, et qui éprouve pour Anaïs une passion aussi bouleversante que la danse qu’il pratique au quotidien, comme les deux autres adolescents.
D’une écriture fine, ciselée, qui empreinte au lexique particulier de la danse modern-jazz, du hip-hop et de la gymnastique rythmique, Jean-Philippe Blondel plonge littéralement le jeune lecteur au cœur d’un univers où se côtoient le professionnalisme, la force physique et mentale, mais aussi les passions dévorantes de l’adolescence, celles de l’amour et de l’amitié. En passant d’un personnage à l’autre, d’une vision différente des choses, d’une appréhension de la danse à une autre, il surprend le lecteur en se faisant se réunir finalement le trio, là où on ne l’attendait plus.