La rédaction l'a lu
L’art de l’illusionL’auteure de « Réparer les vivants » publie un roman d’apprentissage, dans tous les sens de ce terme ; l’initiation à l’art, à la vie et à l’amour d’une jeune peintre en décor. Doublé d’une réflexion sur l’émotion esthétique, ce beau roman est envoûtant et poétique. Paula Karst est une jeune fille d’aujourd’hui : après quelques années d’études flottantes, elle s’inscrit à l’Institut de peinture de Bruxelles afin de devenir peintre en décor ; une formation pour acquérir les techniques du trompe-l’œil, apprendre l’observation, la maîtrise du geste, « l’art de l’illusion ». Son diplôme en poche, elle accepte tous les chantiers qu’on lui propose : le ciel d’une chambre d’enfant, l’écrin d’une exposition d’antiquités égyptiennes, l’enseigne d’un chocolatier, les stalles d’une église, avant de se faire un nom dans le décor de cinéma, en travaillant notamment pour les studios romains de Cinecitta, temple du factice. Mais c’est avec le fac-similé de Lascaux que Paula aura la révélation artistique et amoureuse de sa vie. Un univers en trompe-l’œil Les personnages évoluent dans cet univers du trompe-l’œil, dans les décors qu’ils créent ou dupliquent, au risque de s’y fondre eux-mêmes. Parmi eux, la jeune Paula cherche un ancrage dans la réalité ; elle se déploie et se révèle entre Paris, Bruxelles, Rome et Moscou, toujours plus loin dans un inconnu qui trouve sa source au fond d’une grotte de la Vézère. Dans un style ample et pointilliste à la fois, la romancière s’approprie le jargon pictural avec une poésie des mots justement dosée ; et, munie d’un sens de la profondeur et du détail, elle explore l’art du faux qui vise paradoxalement à la représentation de la réalité : ici, tout est dans le regard et dans le trouble que l’imitation suscite. « Un monde à portée de main » illustre prodigieusement la réflexion immémoriale sur l’essence de l’art et de la littérature, cette énigme du monde ou ce motif dans le tapis que ceux qui gardent les yeux grands ouverts ont la chance d’entrevoir.
Les internautes l'ont lu
Peut-être pas la bonne pioche pour moi, à l’occasion des #MRL18 #Rakuten que je remercie. Je me réjouissais vraiment à l’idée de retrouver la magnifique plume de Maylis de Kerangal. J’avoue avoir eu des difficultés à rentrer dans cette lecture, le sujet m’intéresse pourtant mais je pense que les longues envolées lyriques décrivant de manière magistrale et somptueuse le monde de la peinture; ustensiles, tons, nuances, couleurs, matières …. n’ont pas réussi à me toucher. Peut-être est-ce un peu trop documenté , un peu trop précis pour la non initiée que je suis. Voici le sujet. Paula Karst (son nom prendra tout son sens en cours de récit), Jonas et Kate sont amis. Ils ont étudié ensemble d’octobre 2007 à mars 2008 à l’institut de peinture, rue du Métal à Bruxelles, le monde du trompe l’oeil, de l’illusion. C’est principalement le parcours de Paula Karst que nous allons suivre. Elle surprend ses parents en voulant s’inscrire dans cette voie, elle s’immergera corps et âme dans l’apprentissage de cet art. On peut en effet parler d’un art car c’est une discipline exigeante demandant de s’investir complètement, c’est physique et mental à la fois. Il faut véritablement s’imprégner du sujet, se fondre en lui pour pouvoir reproduire par exemple l’effet du bois, du marbre. Il faut observer, rendre la patine, le poids du temps, les défauts.. Reproduire et non créer. On suivra le parcours des étudiants avec leurs doutes, leurs joies mais aussi une grande solitude, il n’y a place pour rien d’autre que l’apprentissage et le travail. Ensuite Paula travaillera commençant par de petits boulots, partant pour l’Italie, un travail pour une expo, chez un coiffeur puis de fil en aiguille à Portofino, restaurant tantôt une résidence, un hôtel particulier pour arriver à Cineccita, c’est le monde du cinéma, le haut lieu de l’illusion, de la tromperie, du factice.. Elle y découvrira d’autres techniques puis passera par Moscou avant en 2015 de participer au projet du fac similé de Lascaux 4, passage qui m’a vraiment réconciliée avec le roman. L’écriture de Maylis de Kerangal est virtuose, elle manie la langue et les mots à merveille. Un vocabulaire riche, des mots choisis, un travail très bien documenté. Les phrases sont longues, parfois trop longues pour moi mais il en reste du moins une véritable performance. L’art du trompe-l’oeil, l’approche de la création peut aussi je le pense être en parallèle, l’art de l’écriture, l’art d’avoir un monde à portée de main. Ma note : 7/10 Les jolies phrases Le trompe-l’oeil est la rencontre d’une peinture et d’un regard, il est conçu pour un point de vue particulier et se définit par l’effet qu’il est censé produire. Elle s’aime d’avance en apprentie manches retroussées prête à en découdre, en artisane bûcheuse ayant choisi une voie modeste pour pénétrer au coeur de la peinture – apprendre le dessin, acquérir une parfaite connaissance des techniques et des produits, commencer par le commencement -; elle aime raconter qu’il faut en passer par là pour se placer ensuite devant une toile, un mur, n’importe quel support, et que ce qui importe arrivera plus tard, ailleurs, dans un autre monde, celui des artistes – et c’est là qu’elle se trompe, et de belle manière. …l’idée que le trompe-l’oeil est bien autre chose qu’un exercice technique, bien autre chose qu’une simple expérience optique, c’est une aventure sensible qui vient agiter la pensée, interroger la nature et l’illusion, et peut-être même – c’est le credo de l’école – l’essence de la peinture. Je croyais que je voulais être peintre. Paula sursaute ; je veux peindre, c’est tout! Il y a des formes d’absences aussi intenses que des présences, c’est ce qu’elle a éprouvé en pressant son front sur le grillage, tendue vers ce monde qui s’ouvrait là, occulte, à moins de dix mètres, une grotte où l’on avait situé rien de moins que la naissance de l’art. Paula s’est demandé si les peintures continuaient d’exister quand il n’y avait plus personne pour les regarder. Retrouvez Nathalie sur son blog
coup de coeur
Madame de Kerangal, LIRE AU LIT le blog Trop technique
Sentiment mitigé, mis à part peut-être le passage sur la découverte de Lascaux, le reste ne parvient pas à me convaincre. Une écriture riche et puissante, comme d’habitude, mais souvent indigeste … même quand on aime et pratique la peinture et c’est mon cas. Cela en devient étouffant. Paula, héroïne sans en être une, en perd son humanité et son charme, dans ce catalogue de couleurs et autres pinceaux. D’un chantier à l’autre, je me suis lassée, ennuyée, j’ai tourné certaines pages pour voir si cela s’améliorait plus loin. En vain ! |
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