Sylvestre est un traducteur misanthrope et asocial qui construit un circuit de train qui parcourt toutes les pièces de sa maison. Ça fait un chouette héros de roman pré-apocalyptique ça, non ? Ben si, justement !
L’autre point de départ du roman est l’accession au pouvoir d’un nouveau leader nord coréen âgé de 13 ans, héritier de papa qui vient de décéder dans les bras d’une prostituée, qui annonce lors de son investiture toute démocratique qu’il a fait placer 500 têtes nucléaires partout sur le globe et qu’il fera tout sauter au bout d’une semaine.
Qu’allez-vous bien pouvoir faire de ces sept derniers jours qu’il vous reste à vivre ? Franck Thomas, lui, a pensé, à juste titre, qu’un petit roman cynique serait tout à fait approprié à cette ambiance. Sylvestre va être emporté dans un tourbillon fou d’aventures où il va croiser l’amour, la passion, la mort, des djihadistes, des catholiques extrémistes, des fous, des policiers dissidents, des gourous, des sectes, des théories du complot et des diplomates en mal de perspicacité géopolitique internationale… j’en passe et des meilleurs.
En mêlant Ubu à toutes les sauces et à tous les niveaux, Franck Thomas met en avant la futilité, l’inutilité et l’incompétence de toute autorité, ne laissant plus qu’au centre du récit l’humain… lui aussi mis à mal par l’auteur. Rien ni personne ne sort complètement indemne de cette histoire. Franck Thomas fait ressortir à la fois ce qu’il y de pire et de meilleur en chacun de nous. Le ridicule ne tue certes pas mais il démontre l’absurdité et la vacuité des soi-disant personnes titulaires d’une autorité ou d’un pouvoir.
Il y a quelques trouvailles particulièrement jouissives même si l’une d’elle n’est pas totalement exploitée pour plus de satire. Devant l’incurie de l’ONU, certaines nations font dissidence pour créer le FUN, le Free United Nations. L’auteur aurait pu pousser le cynisme jusqu’à traduire l’acronyme en français : les Nations Unies Libres… ou les NUL !
C’est drôle, c’est enlevé, c’est loufoque, sans temps morts, c’est rafraîchissant, distrayant qu ça dit subtilement et ironiquement beaucoup de chose sur la folie du monde qui nous entoure, sur la nature humaine. Ecrit sous forme de farce, ce roman est plus corrosif qu’il n’y paraît. L’aspect farce fonctionne très bien sur la première partie du roman mais a tendance à s’essouffler un peu par son côté répétitif au long des pages avant de reprendre du poil de la bête pour un bouquet final qui s’achève sur une explosion… de rire !
Il aura fallu sept jours à Dieu pour créer le monde. En aura-t-il fallu autant à l’homme pour tout détruire ?