l a c r i t i q u e i n v i t é e Oriane Jeancourt-Galignani (Transfuge) a choisi « C’est un livre sur le suicide de son frère extrêmement fort, tenu, d’une langue à la fois sobre et émotionnelle qui fait sa force. On sent qu’Olivia de Lamberterie combat ses propres sentiments et cela apporte une tension présente à chaque ligne. Ces récits de deuil publiés dans les années qui suivent la perte ont toujours existé. Je pense au « Malheur indifférent » de Peter Handke par exemple, écrit juste après le suicide de sa mère. Celle-ci avait été malade toute sa vie et il se souvient à la fois de la lutte de sa mère contre la tristesse mais aussi de sa propre lutte contre la tristesse de sa mère. Comme chez Olivia de Lamberterie, il y a plusieurs victimes, plusieurs guerres à mener. Celle de son frère contre sa pulsion de mort, et celle de ceux qui l’aiment et essayent de le retenir. Une guerre qu’ils perdent. Ce texte me fait aussi penser à « L’enfant éternel » de Philippe Forest qui se passait dans l’univers hospitalier. Il montrait la difficulté de savoir comment se comporter, même avec les plus intimes. Olivia raconte qu’elle n’ose plus regarder son frère, éprouvant un mélange de gêne et de désarroi. Je pense que l’on atteint cette vérité de l’émotion, cette sincérité de l’expérience juste après la perte. Et c’est ce que l’on retrouve ici. Par ailleurs, elle ne sombre jamais dans le pathos. Il y a même de l’humour, des expressions amusantes, elle garde cette énergie, ce refus de se laisser aller. Elle se bat contre elle-même pour rester à flots. Enfin, elle clôt ce dialogue avec sa propre douleur dans une scène finale en vraie rupture avec le reste du livre, un moment onirique et pictural, durant lequel elle s’abandonne. » Propos recueillis par Pascale Frey
|
|