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Original, atypique, acidulé, « Einstein, le sexe et moi » de Olivier Liron est un ticket d’entrée sur le manège de la vie. Ce récit est mené sans procès d’intention, sans vouloir démontrer. Affirmer subtilement l’exactitude avec doigté, en touches musiciennes douées à l’extrême. C’est une grande chance. Plusieurs lectures sont s’inviter dans cette cour des rois. On grandit en maturité. L’intelligence est donnante. Le lecteur saisit les brassées verbales, s’accorde le détournement de la trame pour la faire sienne, en cachette. Ce récit est le kaléidoscope d’une vie, celle d’un enfant bousculé par les affres du mépris. Ce petit être reçoit en saveurs d’enfance, une violence en paroxysme, des coups sur le cœur qui feront de lui un étranger à lui-même. Les maux de l’auteur sont dans cette délivrance qui déchire les parois du ciel à coups de cutter, les sanglots d’une écriture brillante et généreuse. Notre hôte des pages est autiste Asperger, normalien, et son récit est un saut dans la flaque des souffrances, des différences rejetées, des griffures sur un corps en advenir. Olivier Liron, Petit Page se fraie un chemin entre les buissons de la haine. S’éprend des chiffres, la clairvoyance en levier initiatique, il va trouver sa voie dans la noblesse mathématicienne d’une mémoire extraordinaire. Un beau pied de nez face au conventionnel et à l’adversité ! Sa fragilité devient une force. Sa cornélienne posture est non pas une faiblesse mais la somme des contraires assemblés formant la glaise de la sagesse. On rêve d’assister aux cours d’Olivier Liron. Apprendre de ses savoirs, lui qui connaît le nom de chaque mystère. Lui qui écrit en maître d’orfèvre. Ce récit à l’enrobée parabolique d’un jeu, en l’occurrence « Questions pour un champion » est à comprendre dans un deuxième degré des plus exquis. On est en transmutation, en pleine émission et l’on revit des mêmes moments que l’auteur. Quelle prouesse ! Ce récit est un cri arraché aux myriades d’oiseaux. Une fleur sur le goudron de la persévérance en récompense symbolique. Un espoir à offrir pour tous les humiliés. Un hymne à l’intelligence, à la culture et à la modestie. Brillant, émouvant, empreint de beauté, la vraie. Edité par Alma puis en Points Poche ce roman est une nécessaire leçon de vie.
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Un remède contre la morosité
Le 15 août 2012 fut une journée importante pour Olivier Liron, c’était l’enregistrement de l’émission « Super question pour un champion » avec le mythique Julien Lepers. Ah Julien Lepers, tout un poème ! Celui qui tous les soirs captaient l’attention dans les foyers, celui qui aurait sans doute aimé embrasser une autre carrière, celle de chanteur dans les années 70… allez savoir … C’est l’auteur du tout au moins mythique « Pour le plaisir » d’Herbert Léonard. Celui qui s’emballe en posant des questions, oui, oui, oui, qui lancent ses fiches en l’air, titille ou soutient les candidats… Bon, on se calme… Julien fait certes partie du roman mais c’est aussi de lui, qu’Olivier Liron (dont il s’agit du deuxième roman) nous parle à travers les coulisses et l’enregistrement de cette émission. Quel est l’intérêt de ce roman me direz-vous ? Il est multiple car on rit, on pleure, on passe par pleins d’émotions surtout le rire et l’humour avec un vrai style littéraire. Olivier est autiste asperger, comme il le dit lui même, ce n’est pas une maladie mais une différence. Il en a beaucoup souffert de cette particularité et à travers le récit de cette finale, entre les séquences – le livre est construit en fonction des différentes étapes de l’émission – il nous parle de lui, de ses expériences, de son vécu, de son apprentissage. Une petite madeleine dans le coca entre chaque séquence et c’est parti, il nous raconte son enfance solitaire, triste, son mal être, sa colère, ses chagrins, ses peurs, ses émotions, comment il s’est réfugié dans les mots, la connaissance pour « se remplir la tête pour peupler sa solitude ». Il nous raconte ses premières amours, ses premiers émois, ses craintes, sa maladresse dans le début de sa vie intime. Je ne verrai plus jamais « Les pensées de Pascal » de la même manière. Ce qui fait la force de ce roman, c’est sa sincérité, son auto-dérision, l’humour. Il parle de sa différence de façon touchante, de la manière dont il l’a surmontée. Il sublime son « handicap », le dépasse et cette particularité devient sa force qu’il trouve dans l’écriture, une écriture salvatrice, une force intérieure, une résilience. Oui, lisez ce petit ovni littéraire dont on parle beaucoup, c’est une pause, un petit moment de pur bonheur. Un personnage attachant qui gagne à être connu. Ma note : 9.5/10 Les jolies phrases Ensuite je me souviens qu’on s’est mis derrières les buzzers. Tout s’est bousculé dans ma tête, le sang est venu battre à mes tempes comme la mer, et c’était comme entrer dans un rêve sous la lumière aveuglante des projecteurs. La vraie vie est plus romanesque que les films. Mais la façon dont les autres vous font comprendre votre différence, ça s’inscrit aussi dans le corps. J’ai dans mes tripes la mémoire de la différence qu’on m’a apprise, qu’on a tatouée sur ma chair. Ce qui ne tue pas rend plus fort… à condition qu’on en réchappe et qu’on ne meure pas avant de désespoir ou de résignation. Le plus drôle, ou le plus énervant, comme on veut, ce n’est pas la difficulté d’être différent, c’est l’absence de toute prise en compte de cette différence à l’école par les adultes. C’est marrant, je parle du corps, mais j’ai l’impression que les mots ont encore plus de pouvoir que les coups, que les mots sont les coups qui ne partent jamais, les plus indélébiles, les plus violents pour le corps, justement. Il s’est passé des choses dans ma tête. Il se passe souvent trop de choses dans ma tête. Je me souviens de tous les détails, ma mémoire est un enfer, l’oubli est un long chemin qui mène au pays du bonheur. Le problème avec la vérité, j’ai pensé c’est qu’on ne sait pas comment la révéler. J’aurais voulu lui dire que je ne m’accordais pas le droit d’être moi-même, et que j’avais l’impression d’être mon propre tyran en permanence, mon propre monstre. J’ai un monstre en moi. Je me suis rempli la tête d’informations pour peupler ma solitude. Mes parents étaient des fonctionnaires qui n’avaient pas l’air de très bien fonctionner. La joie est un pur délice de l’esprit qu’on ne doit pas manger trop vite, sinon on peut faire une indigestion. Quand on ne peut pas parler, on construit des forteresses. Ma forteresse à moi est faite de solitude et de colère. Ma forteresse à moi est faite de poésie et de silence. Ma forteresse à moi est faite d’un long hurlement. Ma forteresse à moi est imprenable. Et j’en suis le prisonnier. Retrouvez Nathalie sur son blog |
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