Librairie Saint Pierre
illustration Brigitte Lannaud Levy
« Notre librairie s’appelle Saint Pierre car, ici, on est aux portes du paradis »: voilà l’explication très poétique que nous donne Amandine Aronio avec un large sourire. Plus prosaïquement, c’est le nom de la rue de Senlis qui mène à l’église du même nom où se situe cette institution de la ville. Ici c’est une histoire de famille de père en fille. En 2008, Amandine a racheté, avec son époux Pascal, cette librairie à son papa. Ils comptent bien fêter dignement dans six ans le bicentenaire de leur enseigne, dont ils sont fiers de défendre les couleurs. L’an passé, ils ont créé un salon littéraire « Sous les pavés les livres » qui a accueilli une vingtaine d’auteurs et 4000 visiteurs sur une seule journée. C’est Amandine qui nous reçoit aujourd’hui pour partager avec nous ses derniers coups de cœur ce que, depuis la rentrée, la librairie fait toute les semaines sur o n l a l u en participant à notre rubrique q u o i l i r e ?
Quel roman de la rentrée littéraire nous conseillez-vous de lire ?
« Là où les chiens boivent par la queue » d’Estelle-Sarah Bulle (Liana Levi). À la demande de sa nièce qui est née en banlieue parisienne et qui s’interroge sur son métissage et ses origines, Antoine va faire jaillir ses souvenirs familiaux en Guadeloupe et partager avec sa nièce l’histoire de sa terre natale. C’est un roman pétillant, drôle avec une dimension politique et historique forte.
Du côté de la littérature étrangère, que nous recommandez-vous ?
« Route 62 » d’Ivy Pochoda (Liana Levi), une romancière née à Brooklyn. C’est un roman choral qui mérite le détour rien que pour sa scène inaugurale. On suit pendant quatre ans des personnages attachants tout au long de la route 62 , qui part du désert du Mojave jusqu’ à Los Angeles où ils tentent d’oublier les dégâts de leurs vies. Un livre qu’on de lâche pas une fois sa lecture commencée.
Y a-t-il un premier roman qui vous a particulièrement marquée ?
« La vraie vie » d’Adeline Dieudonné (L’Iconoclaste). C’est l’impressionnante quête initiatique d’une jeune fille qui veut sauver son petit frère de l’emprise de leur père violent. Un huis-clos familial oppressant, porté par une langue poétique.
Quel est le livre le plus emblématique de la librairie que vous défendez avec ferveur ?
« L’amour sans le faire » de Serge Joncour (Flammarion). Un roman lumineux sur la fragilité des sentiments. Un petit garçon va bousculer les silences pour rapprocher des adultes en souffrance. Un livre magistral. Il faut aussi absolument lire son dernier roman, « Chien-Loup » (Flammarion), qui est fabuleux.
Quel livre vous êtes-vous promis de lire ?
Il y en a plein, surtout parmi les classiques. Mais je choisis « Crime et châtiment » de Dostoïevski.
Sur la liste du Goncourt quel serait votre lauréat?
Thomas B. Reverdy pour « L’hiver du mécontentement » (Flammarion). C’est un roman à la structure narrative virtuose qui nous plonge au cœur de l’hiver 78-79 où l’Angleterre de Margaret Thatcher était paralysée par des grèves monstrueuses. Passionnant.
Une brève de librairie
Depuis la naissance de nos enfants – qui sont encore petits- à chaque annonce du Goncourt il y a un événement familial qui les concerne. Le jour où « Chanson douce » de Leïla Slimani a été couronné, notre dernière a fait ses premiers pas! Nous attendons avec impatience la proclamation du prochain lauréat. Elle va peut être se mettre à parler !
Propos recueillis par Brigitte Lannaud Levy
Visiter d’autres librairies
Librairie Saint Pierre
1 rue Saint Pierre
60300 Senlis
03 44 60 92 20