l e c r i t i q u e i n v i t é Bernard Lehut (RTL) a choisi « C’est un premier roman d’inspiration autobiographique très étonnant par le fond et la forme, une des révélations de cette rentrée 2019. Ce jeune auteur est le descendant d’un des poètes de la Pléiade, Pontus de Tyard. Il a suivi des études de lettres avant de devenir éducateur spécialisé, jusqu’à ce que, par amour, il déménage en Bretagne. Là-bas, impossible de trouver un travail. Il s’inscrit alors dans une agence d’intérim, est embauché dans des conserveries de poissons, puis dans un abattoir. Il raconte les terribles conditions dans lesquelles ces hommes et ces femmes vivent, les tonnes de crevettes qu’il faut trier, les carcasses de viande qu’il faut manipuler, le bruit infernal, le corps souffrant, la fatigue abrutissante. Ces descriptions précises, réalistes m’ont rappelé « Le grand marin » de Catherine Poulain. Le récit est entrecoupé des références littéraires et musicales qui permettent à l’auteur de tenir le coup. Une énergie qu’il puise également dans l’amour des siens. Son titre, « A la ligne » est à prendre à double sens. Il fait référence aux lignes de production (appelées en d’autres temps travail à la chaîne) et il renvoie à la forme originale du texte, qui va sans cesse à la ligne, comme les vers d’un long poème. La fatigue de l’auteur, inhérente à ses journées passées à l’usine, lui a imposé cette scansion si particulière qui traduit également le rythme étourdissant des cadences imposées aux salariés. « Se donner pour tâche de raconter ce qui ne le mérite pas, le travail dans sa plus banale nudité » : Joseph Ponthus, Ulysse de l’intérim, transfigure le quotidien de ces nouveaux forçats en une véritable odyssée, un acte littéraire fort dans lequel il parvient même à glisser une salutaire dose d’humour. »
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