Gabriel Barrias enquête du côté de Bordeaux sur le meurtre d’un psychiatre, perpétré par un rapace. A Paris, un éditeur disparaît avec un manuscrit qui provoque le suicide de ses lecteurs. Les deux événements sont reliés par une personne : Anna Jeanson, seule rescapée du suicide collectif d’une secte, les Syphoniens, intervenu une dizaine d’années plus tôt.
L’intrigue révèle petit à petit, comme on peut s’en douter immédiatement (je ne spoile rien !), que la secte n’a pas totalement disparu dix ans plus tôt, que Barrias a déjà eu maille à partir avec des pratiques sectaires violentes, que le manuscrit fatal s’inscrit dans un objectif de manipulation de masse et que tout cela ne pourra pas se finir sans en passer par un ou plusieurs bains de sang.
Derrière le passé de Barrias et derrière les événements contemporains se dresse la figure d’un personnage qui pourrait être, si Barrias devait devenir un personnage récurrent de Laurent Philipparie ce dont je ne suis pas certain, son Moriarty, sa face cachée et sombre sans laquelle il ne pourra pas exister, ce qui est le cas dans ce récit. C’est un des points forts du livre.
Laurent Philipparie dose habilement sa narration entre action, approfondissement et développement de ses personnages, passages plus « techniques » d’interventions des forces de l’ordre (Laurent Philipparie n’est pas policier pour rien !). Ces passages sont d’ailleurs parmi les plus intéressants. On sent que l’auteur puise dans sa propre expérience et le réalisme de ces paragraphes est saisissant.
Le scénario est pour le reste assez classique voir parfois convenu, notamment dans l’évolution des rapports de certains personnages entre eux, comme si, pour ce premier roman, Laurent Philipparie avait souhaité s’en tenir à un schéma qui n’emprunterait pas trop de chemins de traverse. Les vraies prises de risques seront pour plus tard, on peut le comprendre. Le choix de placer son histoire sur le terrain d’un certain ésotérisme, en écrivant sur l’hypnose, la manipulation des esprits humains et la programmation d’animaux en tueurs, est peut-être le plus « casse-gueule » pris par l’auteur dans la mesure où cela peut rebuter, a priori, certains lecteurs. L’histoire ne manque pour autant pas d’intérêts. Gageons que ce coup d’essai sera suivi par d’autres qui marqueront d’évidents progrès même si cette première livraison se lit déjà avec plaisir.