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Au-delà du roman noirAvec la richesse de plume qu’on lui connaît, Hervé Le Corre possède le meilleur bagage pour voyager. Il ne s’en prive pas. On l’a quitté dans une banlieue bordelaise déprimée, le voici dans un Paris chaotique. A un siècle et demi de distance. En remontant le temps, l’auteur du récent « Prendre les loups pour des chiens » se replonge dans l’atmosphère de « L’homme aux lèvres de saphir » (2004). Il y trouve le cadre idéal pour une réflexion sur la justice, l’amour et le bonheur. Qu’en reste-t-il quand tout s’est effondré ? Quand il n’y a plus ni lois ni tribunaux. Quand les familles et les couples sont séparés ou éclatés. Quand les corps sont meurtris et les esprits écartelés. On est en mai 1871, la Commune de Paris agonise sans le voir. Cramponné à son fusil comme à ses dernières illusions, Nicolas fuit droit devant, d’une barricade à une porte. Il est à La Muette quand, près du boulevard Poissonnière, un cocher hirsute et une brute à la gueule cassée enlèvent Caroline, sa fiancée. Emmenée dans un fiacre sinistre, enfermée dans un sous-sol poisseux. Marchandise à louer ou à vendre. Elle n’est pas la première et le commissaire Roques le sait. Policier bénévole, sinon improvisé, il a la faiblesse de croire à sa mission et de suivre une piste. Le fond historique est un catalyseur, l’intrigue policière un prétexte. L’un et l’autre exacerbent les tensions, les sentiments, les douleurs. Entre l’errance du jeune Communard et la traque de l’enquêteur, Hervé Le Corre montre la prison à ciel ouvert qu’est alors la capitale. La perception des sens est amplifiée, visions d’horreur, vacarme, odeurs infectes, souffle des bombes. Le rythme du récit est scandé par la violence des combats, restitués comme de sanglants tableaux de maître. La liberté, l’évasion, la beauté, les révolutionnaires en armes les rencontrent dans les intérieurs bourgeois dont ils forcent la porte, le temps d’un bref repas ou d’un petit somme. Des points d’Histoire et des personnages plus ou moins connus viennent dater cette trame policière classique et cette topographie familière. Le tout semble passé à la patine, avec juste ce qu’il faut de langue de l’époque, ça et là un mot ou une expression qui a franchi un siècle mais pas deux. On est au-delà du roman noir, dans une littérature qui nous interpelle autant qu’elle nous emporte. De quoi relativiser d’autres histoires, plus proches, de barricades et de révoltes.
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Dans l’ombre du brasier de Hervé Le Corre est le coup de cœur de la librairie Lune est l’autre à Saint Etienne
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Sublime fresque historique
Une envie de polar historique ? Foncez, vous ne pourrez qu’apprécier ce magnifique roman noir. Nous voici revenu au temps de la Commune de Paris, cette période insurrectionnelle de l’histoire de France qui n’aura duré que deux mois et dont la dernière semaine est appelée et vous comprendrez pourquoi en lisant le livre « la semaine sanglante ». La trame de fond est posée et nous allons se dérouler le destin de nombreux personnages en ces temps troubles, qui auront tous une belle envergure, les bons comme les méchants. Pour le côté « romance » nous auront le couple que forme Nicolas Bellec qui combat avec les communards et sa bien-aimée Caroline qui de couturière passera à infirmière. Le côté polar sera assuré par Antoine Roques citoyen relieur de son métier, il se verra promu par le peuple aux fonctions de « commissaire » de police et débutera une enquête sur la disparition mystérieuse de très jeunes femmes. Quand au côté thriller, je vous laisse découvrir le personnage crée par Hervé le Corre et qui ne manque pas de saveur sans compter tous les autres camarades rencontrés au fil du roman qui nous donnent un aperçu de ce que pouvait être la vie à cette période. |
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