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L’amour de l’Aubrac
« Nous étions le 30 octobre et j’enterrais Douce » Douce, c’est sa grand-mère maternelle, celle qui l’a élevée avec sa grand-tante, Granita, au-dessus de leur bistrot en proche banlieue parisienne. Les deux sœurs sont venues de leur Aubrac natal pour travailler à la capitale et monter leur affaire, ce bistrot « Le Catulle » qui tient à sa bonne réputation. C’est que l’on n’est pas feignantes chez les deux sœurs inséparables ! Sa mère est morte peu de jours après la naissance de Brune et, son père, elle ne le voit plus depuis qu’il a quitté Paris pour retourner dans l’Aubrac et reprendre la ferme à la mort de son père. C’est ainsi que les choses doivent se passer, là-bas. Brune fait connaissance avec son passé, celui de ses ascendants. Les révélations font l’étourdir, la faire vaciller mais, une fois digérées, vont être le socle sur lequel elle poursuit sa route. Une belle lecture qui m’a permis de retrouver l’Aubrac, ce pays pauvre où les jeunes partaient à Paris pour servir dans les cafés et monter leur propre affaire. Les auvergnats de Paris… Toute une histoire !! En retour, ils ont permis à leur pays de vivre. Maintenant l’Aubrac est un pays riche de son passé, de ses traditions, de sa ruralité, financièrement -la terre y est chère- et le paysage varié ravit mon regard. Un livre émouvant, nostalgique que je rapproche du livre de Paola Pigani, « Des orties et des hommes », tous les deux chez Liana Levi
coup de coeur
« Alto Braco » est un hymne régionaliste. Il enclenche dès l’incipit « Je me suis réveillée en sursaut » un retour ancestral alloué aux racines existentialistes. Puissant, empreint d’une écriture habile, ciselée, précise, aérienne, la lecture en devient voyageuse. Le regard se dirige subrepticement vers la narratrice, en l’occurrence Brune. On ressent la vie à bras le corps dans ces lignes magnifiées de sens, de senteurs. Le terroir emblématise une quête essentielle et nourricière. On respire l’air frais. L’idiosyncrasie d’un monde en roue libre où l’habitus bien plus que l’autarcie est une coutume amplifiée de raison et de nécessité. L’Aubrac s’éveille dans ce récit devient cette encre qui, sans elle, les lignes n’auraient pas cette teneur sociologique et sentimentale. Tout se tient dans ce décor, ces rites riches de secrets, ces habitudes, ce savoir-faire millénaire. Alto Braco est un haut lieu mythique. Attisé par une poésie nostalgique «Le plateau ressemblait il est vrai, à certains paysages peu habités. Et, comme eux, croyais-je en cet instant il offrait l’immensité. » Brune, en narratrice hors pair affirme le « Je » à l’instar d’une photo en noir et blanc arrachée à la muraille des souvenirs. Elle se cherche, pousse du pied ce conformisme où sa vie teintée de Bovarysme emmure ses élans. Les pans de cet Aubrac parabolique s’effritent au fur et à mesure que Brune s’affranchie. Son attachement à cette terre-mère semble les métaphores de Douce et Granita ses deux mères gémellaires. Ces dernières plus que mères pour Brune ont forgé son espace vital, glaises de ferveur, de foi et d’endurance. « Alto Braco » est une cartographie sincère, lucide d’un Aubrac qui se dévoile, kaléidoscope d’un passé révolu et d’un futur modernisé. Ce roman est une délivrance bénéfique, digne, altière, heureuse et apaisante. Un arc-en-ciel qui illumine l’Aubrac. Publié par les Editions Liana Levi, ce roman de Vanessa Bamberger est en lice pour Le Prix France Télévision Le livre 2019 Catégorie romans. |
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