November road
Lou Berney

traduit de l'anglais par Maxime Shelledy
Harpercollins
février 2019
381 p. p.  20 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu
coup de coeur

Drôle d’endroit pour une rencontre

Frank et Charlotte parviendront-ils à échapper au danger pour vivre ensemble, enfin heureux ? Cela pourrait être l’accroche d’un roman sentimental un peu léger, c’est celle d’un polar lumineux et emballant. « November Road », le cinquième roman de Lou Berney mais le premier traduit en français, mêle noirceur et romantisme, traque infernale et amour fou. On est en 1963, à La Nouvelle-Orléans. Frank est une petite frappe cynique et sans ambition, un homme de main qui garde sa place au chaud au sein de la pègre locale en ne refusant jamais un sale coup. Le vent tourne à la minute où il comprend qu’il a aidé, sans le savoir, le véritable assassin de JFK à quitter le Texas. Devenu un témoin gênant pour les commanditaires et un homme à abattre, il prend la route, un de ses semblables à ses trousses, sans vrai plan ni projet.

Jusqu’à la rencontre, providentielle pour lui, de Charlotte et ses deux petites filles. Elle fuyait un mari alcoolique, la Californie en tête, quand elle est tombée en panne. Frank les embarque : ensemble, ils auront l’air d’une famille, la meilleure des couvertures. Les kilomètres aidant, chacun fait sa mue et oublie les conventions héritées de son milieu. Le truand se révèle avoir du cœur et de la sensibilité, la jeune mère du caractère et une âme d’artiste. Ils craquent l’un pour l’autre et entrevoient, à Las Vegas, la dernière porte avant un possible paradis. Toute la force du roman est là, dans la résilience de ce couple pris entre deux feux : un tueur qui approche dans l’ombre, une passion qui se nourrit de sa propre malédiction. Une double menace dont, jusqu’au bout, Lou Berney joue magistralement.

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 Les internautes l'ont lu
nuit blanche

Road trip noir

Lancez-vous dans un road trip noir aux côtés de Charlotte et ses deux fillettes sans oublier leur chien et Franck Guitry qui tente désespéramment d’échapper à un contrat sur sa tête par le mafieux Carlos Marcello. On va suivre cette équipée sauvage dans le grand ouest américain de la Nouvelle Orléans à la Californie en passant par les lumières de Las Vegas au rythme tantôt lent et syncopé du Jazz . Dans ce thriller il y a un troisième personnage et pas des moindres, le tueur à gage qui est là pour tuer. 1963, JFK vient d’être assassiné, ça c’est le côté historique et tout tourne autour de ce drame, qui est derrière ce geste ? L’auteur nous emporte dans une fiction montée à partir de ce fait réel. Il semble bien que Franck soit devenu un témoin bien malgré lui du crime du siècle. Carlo Marcello tien à faire le ménage et c’est ainsi que débute une longue traque ou la proie déploie des trésors d’intelligence afin d’échapper au chasseur Paul Barone dont la réputation est qu’il ne lâche jamais rien.

Dès la rencontre de Charlotte et de Franck, on sent que l’intrigue prend un nouveau tournant, plutôt surprenant puisque les sentiments vont naître et c’est toujours superbe d’être là en témoin d’un amour balbutiant. Tous les éléments du road trip sont là, à la Thelma et Louise, même si l’on sait qu’en général cette errance ce termine mal. J’ai aimé les nombreuses références au Magicien d’Oz et à son chemin de briques jaunes.

Le rythme du roman est souvent lent mais il y a de belles accélérations lorsque la situation se corse ce qui ne manque pas d’arrivée tout au long des miles parcourus. Petit à petit l’ambiance change et se charge en éléments dramatiques, une course poursuite dont personne ne ressortira indemne, surtout pas le lecteur qui est happé dans ce tourbillon. Cette chasse à l’homme est équilibrée par les moments de douceur et de tendresse passés aux côtés de Charlotte, on peut presque y voir apparaître un élément rédempteur pour Franck même si nous sommes dans un roman noir, il n’est interdit de rêver. J’ai pris un grand plaisir à ma lecture, je suis restée sous le charme de Franck et j’ai apprécié les multiples retournements de situation ainsi que l’épilogue inattendu. Bonne lecture.

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