« Voilà bien un crime islandais… bâclé et inutile ».
Un groupe de touristes allemands se fait une petite excursion sur le glacier Langjökull et découvre un cadavre dont la tête émerge des glaces. Il s’agit de celui de Sigurvin disparu une trentaine d’années auparavant. Konrad, qui a enquêté dans le dernier tome de la trilogie des ombres, est sollicité par le suspect numéro un et associé du trucidé qui clame, sur son lit d’agonie, encore et toujours son innocence. Déjà , à l’époque, Konrad n’était pas certain de sa culpabilité « contrairement à mes collègues. Mais de lourds soupçons pesaient sur lui. »
Maintenant Konrad est à la retraite, son épouse décédée d’un cancer, le voici seul à promener solitude et douleurs. Il tente d’ouvrir, pour lui, le dossier de la mort de son père, alcoolique, violent, malfrat et plus. C’est alors qu’une femme vient le trouver un soir chez lui et lui raconte le décès de son frère, renversé par un chauffard après une soirée bien arrosée, il y a également une trentaine d’années. Il reprend, à son compte, les deux enquêtes. Bien sûr, il ne le fera pas au nez et à la barbe de ses anciens collègues, surtout de Marta, chef de la Criminelle de ReykjavÃk.
Pour cette enquête, il retourne dans son ancien quartier des ombres où il aurait pu mal finir, retrouve un ancien copain. Il se souvient d’avoir été un enfant joyeux, même si une petite infirmité, un bras plus court, mais si peu, l’a poussé à une violence qui l’a sauvée. Konrad est né la veille de l’indépendance de l’ Islande, alors sujet de sa majesté le roi du Danemark. Je fais également connaissance avec Elisabeth, sa sœur, élevée par la mère, alors que lui, est resté avec son père qui voulait en faire un homme, un vrai. Petits apartés délivrés par l’auteur.
Revenons à l’enquête. Konrad s’entête à vouloir mêler les deux affaires, malgré l’aversion de plus en plus croissantes de son ancien collègue. Se sent-il visé ? Konrad met tout son coeur à résoudre l’énigme. Cold case dans un pays froid !
Ce que j’aime dans l’univers d’Indridason, c’est l’ambiance de ses livres, la peinture sociale réaliste qui entoure les enquêtes de ses commissaires, son plaisir à sortir les vieux dossiers de disparitions non résolus, la description de l’Islande d’après guerre. L’enquête prend son temps pour dévoiler des personnages complexes, humains, cherchant une ou leur voie, bref des gens normaux. Il y a une impression d’intimité, comme un regard posé sur mon propre regard.
Cher Konrad, fumez tranquillement votre cigare, je pense que vous ne vous êtes pas totalement dévoilé à nous, alors, je vous attends patiemment.
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