« Quand elles peuvent empirer, il n’y a aucune raison pour que les choses s’arrangent. » Avez-vous déjà entendu parler de la loi de Murphy, la loi de « l’emmerdement maximum » ? Depuis quelques jours, Antoine, collégien, bon dernier de classe, un brin paresseux, la connaît bien. Un peu trop, même. Pour lui, les ennuis s’enchaînent vitesse grand V. D’abord un squat chez un copain. Puis un vol de sac. Puis un dessin dans un agenda. Antoine a voulu rendre service… et il s’en mord maintenant les doigts. Accusé (à tort) d’avoir tagué les murs du collège, il doit laver les salles de classe pendant une semaine avec l’équipe de nettoyage. Mais la punition ne se passe pas comme prévu. Il rencontre Bébé, une belle jeune fille extravagante, qu’il admire de plus en plus. Grâce à elle, en une journée, la cote de popularité d’Antoine atteint des sommets. Mais motus. On ne vous en dit pas plus…
Après « La belle Adèle », c’est un bonheur de retrouver Marie Desplechin. Elle a cette façon ludique et bien à elle d’écrire, cette manière d’enchanter et de faire marcher l’imagination. Sa plume, on la reconnaîtrait entre mille. Avec « Le bon Antoine », récit bourré d’humour, l’auteure jeunesse signe un excellent tome 2*. On s’attendrit devant ce jeune héros-malgré-lui, maladroit mais attachant, qui enchaîne les malheurs comme il descendrait des marches quatre à quatre. Mais ne l’aurait-il pas un peu provoqué, ce destin ? N’est-il pas trop bon ? Et la romancière ne se contente pas de nous amuser. Elle aborde des thèmes bien ancrés dans le présent et qui parlent aux ados : le mensonge et la maturité, la maternité et la famille monoparentale, et l’amitié, surtout, l’amitié. Celle qui soude et fait qu’ensemble, on est plus fort.
Elèves parfois ingrats, parents souvent collants, professeurs un peu gauches… Chacun s’y retrouve toujours. Elle maîtrise parfaitement les codes des ados et recrée l’ambiance d’une cour de récré. Elle fait du « bon Antoine », un récit terriblement optimiste, raconté par un collégien aux réflexions déconcertantes, qui se remet en cause et avec qui on ne s’ennuie pas. On est complice de ses frasques. On s’émerveille de sa répartie. C’est un héros un peu filou, jamais méchant, qui gagne en maturité et avec qui on rit de bon cœur. Tout rentre toujours dans l’ordre, et elle réussit le pari de l’écrivain : donner l’appétit de lire.
*Même si « Le Bon Antoine » est la suite de « La belle Adèle », il peut tout à fait se lire indépendamment du premier tome.
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« Des poches sous les yeux »