l a c r i t i q u e i n v i t é e Christine Ferniot (Télérama) a choisi
A seize ans, Tucker s’est engagé pour la guerre de Corée. Il lui a suffi de mentir sur son âge pour être enrôlé vite fait. Deux ans plus tard, le voilà sur la route du retour, marchant vers ses montagnes du Kentucky. Lorsqu’il croise Rhonda, bousculée par son oncle qui compte bien la violer, le garçon sait exactement ce qu’il va faire : sauver la fille et l’épouser. Car entre ces deux-là, il a suffi d’un croisement de regard pour comprendre qu’ils ne se quitteraient plus. D’autres que Chris Offutt ajouteraient de la psychologie et des adjectifs. Cet auteur, trop rare, préfère le style direct, la poésie minimaliste qui frappe au cœur. L’auteur choisit l’ellipse pour nous permettre de retrouver Tucker et Rhonda dix ans plus tard, avec leurs enfants, les services sociaux, les petits boulots chez un trafiquant d’alcool et les arrangements avec la loi. Unis dans la précarité, ils ne cèdent pas un pouce au destin et se moquent de la morale officielle. Dans ces « Nuits Appalaches », Chris Offutt dresse avec justesse le portrait d’une société de laisser-pour-compte où chaque jour est une lutte pour survivre. Mais ses héros ordinaires et poignants sont déterminés à rester ensemble et qu’importe le prix à payer. Christine Ferniot
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