l a c r i t i q u e i n v i t é e Oriane Jeancourt-Galignani (Transfuge) a choisi « Maggie O’Farrell est une romancière britannique et irlandaise qui a ressenti le besoin de se lancer dans un récit autobigraphique, des mémoires qui ne recensent que les moments où elle a frôlé la mort. On pourrait presque parler de « near death experience », mais c’est en réalité plus compliqué que ça. Car parfois, elle a seulement imaginé qu’elle allait mourir. Il y a dix-sept chapitres, qui sont dix-sept épisodes où elle a été confrontée à la mort. Elle évoque par exemple sa fausse couche, quelque chose d’assez peu raconté en littérature, où elle décrit ce sentiment de vivre avec la mort en soi. Ce récit n’est pas écrit de manière chronologique. Ce qui devrait être le premier chapitre par exemple se trouve plus loin dans le livre : la maladie, une encéphalite qui, à huit ans, l’a clouée sur un lit d’hôpital pendant un an. Un jour, elle a entendu une infirmière qui grondait un petit garçon dans le couloir et lui demandait d’être sage parce qu’il y avait une petite fille en train de mourir dans la chambre. Il s’agissait d’elle. Cette scène l’a marquée à vie et se retrouve dans plusieurs de ses romans. Elle en a réchappé et est devenue une adolescente joyeuse, aventureuse, une survivante qui prenait beaucoup de risques, comme cette escapade en montagne toute seule, à 18 ans, où elle s’est retrouvée face à un homme dont elle a appris le lendemain qu’il avait tué une autre jeune femme. Ce qui m’a plu, c’est la forme de cette autobiographie que se raconte par rapport à la mort, l’énergie qui l’habite, ces renaissances qui se succèdent. J’ai aimé aussi la sincérité avec laquelle Maggie O’Farrell reconnaît avoir sans doute oublié beaucoup de choses. C’est enfin une belle réflexion sur son travail d’écrivain. » Propos recueillis par Pascale Frey |
|