Le roman policier n’est pas en soi un genre après lequel courir à en perdre haleine. Son occupation étant principalement la résolution d’une énigme, il régale les enfants ou les paresseux, mais ne rassasie que difficilement le vrai lecteur.
Qui a tué qui? Oui, et alors, et après?
Relire Agatha Crhistie passés 30 ans relève du dilettantisme.
Non, on préfèrera et c’est normal le roman dit « noir » au roman policier. Qui a tué qui, oui, mais bien plus encore. Comment le crime naît du ventre généreux de la société, de toutes les sociétés.
Christie, donc, non, pas plus que Connelly d’ailleurs, pas plus, que, baissons d’une ou deux gammes, Minier ou Bussi.
Mais Simenon, oui. Parce que Maigret, mais pas que, mais surtout pas que. Parce que ces personnages si dessinés, si ancrés, si soulignés. Simenon oui, pour les vrais romans, les « durs » comme il les appelait, les vrais morceaux de littérature avec des drames dedans.
Simenon, oui, et Manchette, et donc ce John Wainwright, plus Simenon tu meurs, à qui on devait, l’apprend on, le fameux « Garde à vue », en tout cas l’auteur du livre dont le film s’inspira.
« Une confession » surgit donc, tiré de l’absence par un éditeur soucieux de sortir des sentiers battus, là où ses innombrables confrères préfèrent publier au kilomètre, j’ai nommé Sonatine.
« Une confession » passionnante d’emblée et finalement juste un peu à plat au moment d’en finir, tant la résolution d’une énigme nous prive de l’énigme même, définitivement, là où le mystère aurait ma préférence. Non pas que la fin soit ratée, elle aurait pu juste être une fin sans solution. Parce que la mort reste sans solution, globalement.
« Une confession » : un mariage qui bat de l’aile, une mariée qui tombe, s’écrase, un mari qui raconte, se cache et derrière, bien à l’abri, des amateurs d’oiseaux, végétariens, moralisateurs, qui ont peut-être tout vu et qui vont peut-être tout dire à des enquêteurs partagés.
Le crime n’est pas au centre de tout, mais tout est au centre du crime. Rien n’est outré, facile, surjoué dans ces pages, tout est trouble, et ambigu.
C’est difficile, cet art là, de montrer sans en dire trop, de montrer à deviner sans dévoiler.
On parlera de classicisme, je n’y vois que l’expression d’un savoir faire irréprochable. Quelque chose qui s’impose, tout simplement.