La rédaction l'a lu
Les chances de sa vieSi le dernier roman d’Anne Tyler ne possède ni la profondeur d’« Une bobine de fil bleu », ni la causticité de « Vinegar girl », on retrouve avec plaisir l’univers et les thèmes chers à la romancière : l’Amérique moyenne, le temps qui passe et une certaine mélancolie. « La Danse du temps » est peut-être le signe d’une évolution dans l’œuvre prolifique d’Anne Tyler qui, à 77 ans, fait toujours la part belle aux « possibilités infinies » de la vie. Une vie conventionnelle Le roman est divisé en quatre périodes, autant de jalons dans la vie de Willa, née en 1956, et dont le parcours, après une enfance marquée par l’instabilité maternelle, est des plus conventionnels. Celle qui s’est juré de ne jamais ressembler à sa mère devient une bourgeoise conformiste au détriment de ses désirs profonds et de sa liberté. En 1977, elle abandonne ses études pour se marier et suivre son époux en Californie où elle élèvera leurs deux fils. On la retrouve veuve en 1997, puis remariée en 2017 à un ancien avocat golfeur. A 61 ans, elle mène une vie ennuyeuse dans une cage dorée quand un appel du Maryland vient tout bouleverser. Une certaine Callie, voisine de sa belle-fille Denise, sollicite son aide : Denise est à l’hôpital et il n’y a personne pour s’occuper de la petite Cheryl, neuf ans… Willa n’a pas plus de belle-fille que de petite-fille, elle se souvient juste qu’une ancienne petite amie de son fils s’appelait bien Denise… mais profite de cette invite pour révolutionner son quotidien. Le choix de Willa Notre héroïne se laisse docilement mener par les autres, par souci des convenances et des normes sociales, mais aussi par peur et facilité. Cependant, peut-elle dénombrer les occasions manquées dans son existence ? C’est après avoir vécu sans écouter ses aspirations que Willa décide que l’heure du changement est venue. Lorsqu’elle s’installe chez Denise et sa fille Cheryl, elle apprend la liberté, enfin responsable de ses choix et bien décidée à les assumer. Roman sur la fuite du temps et sur l’évolution du statut des femmes encore prisonnières des injonctions sociales, « La Danse du temps » est une lecture très agréable, où l’on retrouve le style élégant et malicieux d’Anne Tyler qui s’accroche aux détails d’une vie qui se réinvente.
coup de coeur
« La danse du temps » de Anne Tyler
Les internautes l'ont lu
coup de coeur
» Les possibilités sont infinies »
Anne Tyler fait partie de ces auteurs dont j’ai tout de suite envie de lire le dernier roman paru. C’est pourquoi je remercie Babelio et Masse Critique de m’avoir donné cette opportunité. « La danse du temps » est divisé en deux parties. La première débute en 1967 alors que Willa est âgée d’une dizaine d’années. Elle est l’aînée de deux filles et vit dans une famille que l’on qualifierait aujourd’hui de dysfonctionnelle. En effet, sa mère présente tous les symptômes de la bipolarité et même si son père tente de limiter les dégâts, la vie quotidienne des fillettes reste suspendue aux troubles d’humeur de leur mère. A l’université Willa rencontrera Derek, séduisant jeune homme qu’elle épousera, conformément à son souhait à lui, avant même la fin de ses études, qu’elle sera contrainte de toute façon d’abandonner pour cause de grossesse. S’ensuivront les années de vie de famille jusqu’à son veuvage vingt ans plus tard. Willa croisera la route de Peter qui deviendra son deuxième mari. Elle le suivra en Arizona car ce dernier, avocat à la retraite, entend bien s’adonner à sa passion du golf. C’est une Willa qui semble satisfaite de sa vie qui aborde la deuxième partie du livre. Or, un jour, elle reçoit un coup de fil d’une parfaite inconnue lui demandant de venir s’occuper de la fille de Denise, victime d’une fusillade. La seule Denise dont Willa a jamais entendu parler, c’est une ex-petite amie de son fils Sean et qui vit à Baltimore. Sans trop réfléchir, Willa accepte de se rendre à Baltimore. Bien sûr, elle ne connait pas Denise, bien évidemment elle n’est pas la grand-mère de la petite Cheryl mais elle perçoit bien le vide qu’il y a en elle. Ses fils adultes vivent loin et ne donnent quasiment jamais signe de vie. Son mari lui fait sentir qu’elle n’est pas vraiment bonne à grand chose sauf à s’occuper de lui. Son séjour à Baltimore sera révélateur et va changer la perception que Willa a d’elle-même. Pour la première fois de sa vie peut-être, elle va oser exprimer ses propres désirs et sa volonté de faire quelque chose qui compte pour elle. Après toute une vie où elle a ménagé la chèvre et le chou, pris soin des membres de sa famille qui ne se préoccupent nullement de son bien-être à elle, enfin, à 61 ans, Willa décide de prendre sa vie en mains. Anne Tyler a dressé dans ce roman, comme à son habitude, un portrait de femme touchant et profond. Alors qu’elle a tout donné pour sa famille, la voir prendre conscience qu’elle doit maintenant s’émanciper et réellement vivre avant qu’il ne soit trop tard est un message puissant pour ses lectrices. Encore une fois, j’ai adoré lire cette auteure. |
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