Un inconnu qui débarque dans le paysage littéraire et se retrouve quelques semaines plus tard en tête des ventes, cela arrive, mais pas si souvent que ça. Lorsque cela se produit, cela ressemble à un conte de fées, un rêve dont on finit toujours par se réveiller, et alors… il faut s’attaquer au deuxième roman. C’est à peu près comme entrer dans la fosse aux ours, en se demandant si vous allez vous faire dévorer tout cru ou au contraire les dompter !
Après « La Tresse » qui s’est vendue à un million d’exemplaires, voici donc Laetitia Colombani dans cette délicate position, dont elle devrait sortir victorieuse, comme ses héroïnes. L’histoire se déroule sur deux périodes, en 1925 et aujourd’hui, dans un lieu parisien, « Le Palais de la femme », et au sein d’une association, « L’Armée du salut ». Comme elle l’avait fait dans son précédent livre, elle nous embarque dans d’autres vies que les nôtres. Lorsque Blanche Peyron, portée par sa mission, celle d’aider les femmes en détresse, s’est battue pour ouvrir ce palais de la femme, elle ne se doutait peut-être pas que près de cent ans plus tard, il y aurait toujours des femmes avec leurs enfants dans la rue, des femmes pourchassées par leurs maris violents, des femmes fuyant leur pays et qu’en 2019 ce refuge afficherait toujours complet.
Parallèlement à cette situation historique et politique, Laetitia Colombani explore aussi une sphère plus intime, le burn out. Alors que Solène a suivi un parcours sans faute, qu’elle est devenue avocate comme ses parents le désiraient, un chagrin d’amour et le suicide d’un de ses clients vont avoir raison de ses nerfs. Trop de travail, trop de tensions, trop de désespoir. Comme Blanche, en 1925, Solène va trouver un sens à sa vie en essayant d’aider des femmes infiniment plus démunies qu’elle. Ce roman est fait du même bois que « La Tresse », mais Laetitia Colombani a su se rester fidèle sans se plagier. Et elle pourrait bien renouveler son exploit précédent et faire de ses « Victorieuses » le livre de l’été.