L’écrivain Québécois, Alexandre Mc Cabe nous a offert « Une vie Neuve », un court roman en quatre parties, quatre voix, celles des frères et soeur de la famille Leduc : Philippe, Benoît, Jean et Marie.
Chacun de ces noms est le titre d’un chapitre où nous lisons leurs pensées et leurs actes tout en remarquant leur grande différence.
* Philippe est un avocat qui décide de l’avenir du haut de sa tour d’ivoire. Il travaille pour une élite et tire toutes les ficelles.
* Benoît, amoureux déçu, le cœur en bandoulière, fait un pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle et note toutes ses réflexions et les événements qui surgissent sur son chemin.
* Jean, un sociologie, penché sur le sort du Québec, nous livre un grand nombre de réflexions politiques.
* Marie, la petite sœur, est une artiste peintre. Avec elle, on remarque le rôle des artistes – leur influence sur le monde.
Tous ces personnages qui n’ont pour ainsi dire plus de lien entre eux puisque chacun mène sa propre vie, donnent un ton particulier à ce récit.
Avec Benoît, nous avons droit à de l’humour pendant sa longue marche, ce voyage effectué pour mettre ses idées au clair.
Quand il arrive dans le Pays Basque, enchanté, il écrit : « Gora Euskadi ! Tout ce que je découvre depuis mon arrivée chez les Etxbarria me plaît. Les verres bodega décorés avec la lauburu, qu’on voit ici, le piment d’Espelette qui agrémente nos bouffes gargantuesques, les chaussures basques, le gâteau basque, la manzana, Estibaliz. (…) Je trouve certaines ressemblances entre les Basques et les Québécois dans la manière de vivre cette appartenance au quotidien.»
Quant à Jean, c’est toute une série d’observations sur le sort du Québec. Il a vécu « La Révolution tranquille » et, sachant qu’il approche de la fin de sa vie, il a un regard très incisif sur des hommes politiques comme, par exemple : René Lévesque, Pierre Bourgault … etc, mais aussi sur le Général de Gaulle…
Concernant Marie, c’est la seule qui ne se raconte pas mais c’est un ami de ses enfants, Charles, qui l’évoque.
Si « Une vie neuve » est un roman court, il nous fait bien réfléchir sur ce Québec dont on a, en principe, une vision simpliste, celle d’une carte postale avec ses beaux paysages.
Alexandre McCabe, lui, croît en l’avenir et dit : « Faire l’Histoire en l’écrivant ».
D’ailleurs, en page 155, on peut lire : « L’émancipation québécoise est devenue aujourd’hui la pire des abjections. Avant, on la célébrait. C’est désormais la gangrène des croulants qui refusent l’euphorie canadienne. Notre littérature doit s’ouvrir aux autres, délaisser le passé, c’est le mot d’ordre. Je suis bien d’accord, mais est-ce qu’elle doit pour autant arrêter de parler du Québec, de le faire avancer ? Les écrivains allemands, portugais ou américains ne le feront pas pour nous. Quiconque est décomplexé n’a pas honte de se raconter, de se montrer tel qu’il est. Quiconque va au bout de sa langue et de sa culture va au bout de lui-même. »
Et il termine cet ouvrage par ces quelques mots : « Parce qu’il faut continuer le travail. »
Un ouvrage que je ne peux que recommander surtout à ceux (comme moi) qui ont un gros penchant pour le Canada et ses écrivains.