Une classe de lune à l’image d’une actuelle classe verte ? C’est ce que propose John Hare dans son premier album pour enfants. Et le récit – entièrement fantasmé – commence dès la première de couverture : un vaisseau spatial qui ressemble à un bus jaune américain emmène ces enfants de primaire et leur professeur à travers l’espace. On remarque déjà celui ou celle qui fait figure de héros, un petit astronaute qui reste en retrait du groupe, à l’arrière. On le devine discret, passionné, un peu rêveur : au lieu de rejoindre ses camarades sur la Lune, qui semblent enthousiasmés par l’exploration, il dessine, colorie muni de ses crayons pastel, la planète bleue, à des milliers de kilomètres vue de sa place. Étrange sensation de constater que tout est inversé.
Il finit par s’endormir. Lorsqu’il se réveille, l’ensemble du groupe a disparu, la navette est repartie. La surprise passée, il décide de poursuivre ses croquis. Il pense être seul, mais il fait la connaissance d’êtres vivants, des extraterrestres avec qui il entre rapidement en contact. La créativité les relie de manière extraordinaire.
L’album ne comporte aucun texte, pas une ligne. Mais si l’on peut vous en conter l’histoire, c ‘est que les images se suffisent à elles-mêmes. L’auteur s’en remet au lecteur adulte pour adapter le langage, imaginer les surprises, l’aventure, le mystère, ou au contraire laisser planer le silence, comme on l’imagine sur la Lune, implacable. Les illustrations à l’aquarelle révèlent les nuances de noir et de gris, et laissent éclater le jaune, la couleur des crayons pastel et de la navette, qui pourrait symboliser les éléments terrestres. À l’occasion des 50 ans du premier pas sur la Lune, cet album s’adresse aux amoureux de l’espace, aux artistes en herbe qui s’exilent parfois hors du monde, sans bruit, pour se consacrer pleinement à leurs rêves, la tête dans les étoiles.
