WHITE
Bret Easton Ellis

Robert Laffont
Pavillons
mai 2019
314 p.  21,50 €
ebook avec DRM 8,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

White again

Bret Easton Ellis se raconte. Ce Truman Capote (toute proportion gardée) génération Y, inventeur de la mode serial Killer avec ce qui reste son oeuvre la mieux maîtrisée, « American Psycho », a décidé de se dévoiler encore un peu dans ce livre, sobrement intitulé « White ».
Parce que Bret est blanc.
Comme Donald.

La première partie du livre est consacré au travail de l’écrivain, ses influences, ses errements, ses hésitations et ses accouchements. La partie la plus intéressante, d’assez loin. Ensuite Bret nous parle de ses acteurs préférés, de la beauté de Richard Gene, Tom Cruise…Là n’est pas le plus fascinant, loin s’en faut.
S’entend assez vite un petit refrain de « c’était mieux avant ». Comprenez avant les réseaux sociaux, internet, mais aussi avant Me too, les flics de la morale, les censeurs de la pudeur, les prudes du bon sentiment, les empereurs de la prévoyance.
Ellis voit dans sa jeunesse (années 80) une époque « d’innocence ». Oui, bon. Rien de très original là dedans, le tout étant de savoir en quoi l’avis de Bret Easton Ellis vaut-il plus que l’avis de n’importe quel journaliste? L’avis d’un jeune homme très vite riche, adulé, célébré, plongé dans les excès en tout genre dès son premier roman paru, star des lettres à 20 ans dans un pays qui n’a jamais fait, ni maintenant ni avant, dans la demi mesure quand il s’agissait de placer aussi vite que possible des inconnus au firmament…
Ellis, c’est cocktails et cocaïne très tôt, très vite, très fort, avec son grand ami Jay McInreney. Ses deux premiers romans (Moins que zéro et Les lois de l’attraction) font de lui une immense star des lettres.
Il revient sur ce succès là aussi, il l’avait déjà fait dans Lunar Park, mieux peut-être.
Finalement, ce qui interpelle le plus dans ce livre c’est la partie Trump. Là, c’est intéressant : Ellis navigue entre deux chaises et se refuse à jeter le gros monstre orange aux orties. Il nuance, il tente presque d’expliquer, en tout cas il dit surtout à quel point il est impossible de discuter de Trump aux Etats Unis, dans les dîners ou sur Internet. Un point Godwin à lui seul, le Président du monde! Et là, finalement, même si on a du mal à savoir ce qu’Ellis pense vraiment, on devine quand même ce qu’il n’ose pas vraiment écrire : Trump n’est pas si mauvais que cela. Il n’est pas infamant. Il ne serait même pas fou du tout.
Cette prise de position vaut le prix du livre, ou pas loin. Elle explique aussi le titre. White. Blanc, donc, mais pas que : privilégié, aussi, et homosexuel.
Et si c’était aussi cette Amérique là, l’électorat de Trump?
Un écrivain quinquagénaire, un peu boursouflé désormais, jusque dans son écriture, plus l’âge des excès, qui pense aujourd’hui que la liberté de tout un chacun est menacée.
Que lui, au moins, est passé entre les gouttes. Blanchi. White again.

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