Nous sommes en août 93 et Coralie part seule pour la première fois. Elle est majeure pourtant, mais a vécu jusqu’à présent une enfance tradi, avec son petit frère et ses parents, un pavillon en banlieue et des vacances plusieurs fois dans l’année, dans la famille essentiellement. Une vie confortable, sans excès. Elle semble hautement banale, sage, inexistante presque. Quand on la regarde, on voit une jeune fille lisse. Quelqu’un, pourtant, a vu quelque chose derrière ces apparences : Soline. Elle l’invite à passer le mois d’août dans la résidence secondaire de ses parents. La maison est pleine, il y a des enfants, des adultes, l’alcool circule librement. on parle littérature, cinéma, politique, on se baigne, on est libres. Sous la caresse du soleil, Coralie découvre un monde bien plus vaste qu’elle ne l’imaginait et s’autorise à en faire partie… Pour son huitième roman (sans parler de son travail en littérature Jeunesse) Karine Reysset franchit un cap et me donne l’impression d’offrir un pendant aux romans de son compagnon. En effet, comme chez Olivier Adam, le sous-texte est social et on s’intéresse de près aux différences de classes (et surtout à la manière dont on les ressent quand on navigue entre deux eaux) et la tonalité se tient dans les mêmes nuances de vague-à -l’âme élégant. L’héroïne raconte à posteriori, ce qui lui donne l’occasion de tenter quelques interprétations, à tout le moins de marquer un certain recul. Pourtant ce qui est très intéressant (et parfaitement réussi) c’est justement la manière dont sur le moment, elle ne comprend pas bien les situations. On se replace alors nous-mêmes dans ce moment charnière, celui où on pend conscience de son individualité et où l’on peut décider (dans une certaine mesure) de ce qu’on sera dans notre vie. Roman d’atmosphère rendant à la perfection les sensations estivales, « L’étincelle » m’a séduite.