Quel livre étrange !
Il est peu de dire que je l’ai aimé, lu d’une traite en quelques heures.
Il s’en dégage comme une sorte de léthargie dans un temps qui semble suspendu.
Nous sommes en Allemagne à la fin de la guerre, le narrateur, photographe anglais, ne peut se résoudre à rejoindre son pays.
Il semble obsédé par les images d’un camp de concentration qui vient d’être libéré. Ses rêves sont hantés par une bâche qui se soulève régulièrement comme animée par les corps suppliciés qu’elle recouvre.
Muni de son appareil photo, il part sur les routes pour fixer sur la pellicule des visages anonymes.
Accompagné de son chauffeur, il fait halte dans des fermes, pour avoir de l’eau ou des œufs à rajouter aux maigres rations militaires dont ils disposent encore.
Il n’y a pas ou peu d’action. La barrière de la langue rend les dialogues quasi inexistants. Les descriptions des paysages sont rares et répétitives, les régions traversées n’ont que peu de relief.
Alors qu’est-ce qui fait le charme de ce roman ? Les impressions, les ombres, les non-dits, le mystère qui entoure ces deux hommes.
Qui sont-ils ? Quel sont leurs secrets ?
Toutes les réponses ne nous sont pas données. Hubert Mingarelli laisse libre cours à son lecteur, l’invitant peut-être à écrire dans sa tête la fin du livre.
J’ai adoré.