De pierre et d'os
Bérengère Cournut

Le Tripode
août 2019
219 p.  19 €
ebook avec DRM 11,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu
coup de coeur

« De pierre et d’os » de Bérengère Cournut
est le coup de coeur de la Maison du livre de Rodez
dans le q u o i  l i r e ? #88

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« De pierre et d’os » de Bérengère Cournut
est le coup de coeur de la librairie Tonnet à Pau
dans le q u o i  l i r e ? #84

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« de pierre et d’os » de Bérengère Cournut
est le coup de coeur de la Lison à Lille
dans le q u o i  l i r e ? #80

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Vie polaire

Après un livre très remarqué sur les Amérindiens Hopis, Bérengère Cournut nous emmène sur les traces des Inuits du Grand Nord dans ce magnifique roman d’apprentissage, au sein du peuple nomade de chasseurs et de pêcheurs de l’Arctique. Elle vient de remporter le prix Fnac 2019.

Une nuit, la jeune Uqsuralik est séparée de sa famille par une faille dans la banquise qui emporte les siens, et se retrouve démunie et isolée dans l’immensité neigeuse, une dent d’ours autour du cou en guise d’amulette, sans autres ressources que le manche d’un harpon, une peau d’ours et un couteau. Consciente que seule, elle n’a aucune chance de survie, Uqsuralik se résout à partir. Commence alors une épopée polaire au cours de laquelle elle endure la faim, le froid, l’agressivité des chiens affamés dont elle doit aussi se protéger. Quand, à moitié morte, elle rencontre enfin un clan, elle est sauvée, et gagne bientôt le respect de tous en contribuant à la chasse et à la vie quotidienne de la communauté. Mais notre héroïne n’est pas au bout de son destin… Sa vie sera un combat contre les éléments, les esprits et les foyers parfois hostiles qui l’accueilleront le temps de quelques saisons. Cette étrange femme, qui accomplit aussi bien des tâches féminines que masculines, connaîtra la perte, l’amour, la maternité, et s’élèvera à la spiritualité avec le danger de la dissolution de soi.

L’auteure nous offre une véritable plongée dans la culture inuite : relations entre les membres des familles qui vivent au rythme des saisons en suivant le gibier, cérémonies de chasse, fêtes communautaires, jeux et chants récitatifs. A la fois lumineuse et mystérieuse, réceptive aux extases du chamanisme, Uqsuralik est l’héroïne inoubliable de ce roman d’aventures doublé d’un roman d’initiation poétique, à l’écriture riche et sensible, ingrédient essentiel de notre fascination pour cette histoire originale pleine d’humanité.

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 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

Au rythme de la vie inuite, superbe

La lumière faible et bleutée qui tombe du ciel révèle sous moi un liquide sombre et visqueux… Penchée sur la flaque, je n’ai pas entendu le grondement au loin. Lorsque je sens la vibration de mes jambes, il est trop tard, la banquise est en train de se fendre à quelques pas de moi. L’igloo est de l’autre côté de la faille, ainsi que le traîneau et les chiens. Je pourrais crier, mais je ne le fais pas. »
Par les caprices météorologiques, cet instant où la banquise est plus fragile, parce qu’elle est sortie de l’igloo pour découvrir ses premières règles, la gamine se retrouve séparée de sa famille, seule avec cinq chiens dont la fidèle Ikasuk. Son père a juste le temps de lui envoyer une peau roulée et un harpon qui se casse à réception et, surtout, une amulette. « Un silence lugubre envahit mes oreille et me raidit la nuque ». Imaginez votre enfant devant se débrouiller seul !
Et là, pas question de se laisser aller car, la mort esdtau bout. La voici responsable de sa vie et de celle de la meute, petit inuit perdue dans l’immensité de la glace.
Faille géographique, faille intime, faille familiale, faille spatio-temporelle c’est ce qu’offre le dernier live de Bérengère Cournut.
Pas question de se laisser aller. « … J’ai dû m’assoupir quelques instants en regardant le ciel, le museau d’Ikasuk contre ma jambe me réveille en sursaut. Il ne faut pas dormir. »Uqsuralik, c’est le prénom de la jeune naufragée, va faire corps avec la nature, chercher à se rapprocher d’une autre famille inuit, surtout ne pas rester seule. Dans les tribus de rencontre, elle trouve accueil, détestation, jalousie, amour, la mort de son jeune époux, la naissance de son enfant, la vie rude des inuits est son lot.
« Je m’aperçois à quel point je suis seule. Ma survie ne tient plus à grand-chose. Je suis trop jeune pour avoir déjà rencontré un esprit capable de me sauver. Couchée contre moi, Ikasuk est ma seule protection contre la mort -et ce n’est qu’un chien ».
Uqsuralik, grâce à son père, aux dures conditions de vie, sait construire un igloo, chasser le phoque. et autres petits animaux et poissons, connaît les baies comestibles, découper un animal. Tout ceci lui permet de survivre et de n’être pas un poids mort pour les tribus qu l’accueillent. Les esprits sont autour de la jeune fille, l’aident ou la repoussent, jusqu’au moment où, grâce à « l’homme lumière » elle se rend compte qu’elle est chamane.
«L’aube verte a touché le sol et s’est transformée en homme. Il était grand, couvert d’un large capuchon qui me cachait son visage. Il a marché vers moi et, en arrivant sur les ruines de mon abri, il s’est mis à sauter. Les vibrations dans le sol me donnaient l’impression qu’il tassait mes jambes dans la pierre, que je ne pourrais plus jamais en sortir.»
Bérangère, comme avec « Née contente à Oraibi » me transporte, me ravit par un texte où l’on ne sent pas le poids du travail de recherches fourni pour ce dernier livre, tant l’écriture est belle, douce, imagée, ponctuée de chansons, ode à la vie.
Un livre au rythme de la nature, de la vie, des rites inuits, des chansons et mythes. Surtout ne pas tuer un animal terrestre après avoir tué un animal marin et, surtout, les remercier de s’être laissés prendre et ainsi nourrir la tribu. Les esprits se cachent sous les pierres. Les bébés, à leur naissance, prennent le nom de celui qui vient de mourir et ainsi, le mort se réincarne dans une nouvelle vie. Les chants ponctuent la vie des inuits comme ils jalonnent le livre
Cette fois, je bénis les dieux inuits, les esprits pour cette superbe lecture et coup de cœur qui plusieurs semaines après, perdure.
Merci Le Tripode d’éditer une telle autrice.
Retrouver Zazy sur son blog 

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Totalement dépaysant

Ce très poétique et dépaysant roman se termine sur un album photos d’Inuits prises au début du 20ème siècle. Ces images m’ont ramenée, à titre personnel, dans les années 70 où je me souviens avoir fait un exposé sur ces peuplades. J’ avais été très étonnée par leurs coutumes et croyances.

La jeune Uqsuralik se trouve brutalement séparée de sa famille alors que la banquise vient de se fendre. Du côté où il se trouve, son père lui envoie une peau d’ours, un harpon…par chance, sa chienne préférée était déjà de ce côté-ci de la banquise ce qui accroît ses chances de survie.

Uqsuralik n’a pas d’autre choix que de s’enfoncer dans la nuit et le froid polaire avec l’espoir de rencontrer d’autres humains.

Bérengère Cournut nous invite à la suivre tout au long de sa vie, tout en nous permettant de découvrir la façon de vivre des Inuits, le fonctionnement des familles, leurs croyances et les histoires qu’ils se racontent.

C’est extrêmement bien documenté et raconté avec poésie. A cette lecture, on aurait presque envie que leur mode de vie n’ait pas changé quand on sait qu’à l’heure actuelle l’alcoolisme fait des ravages et que 1 adolescent sur 5 vivant au Groëland se suicide (cf Arte Reportages).

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coup de coeur

Sublime !

Attention pépite ♥

Une très très belle double découverte pour moi – merci Antony – les éditions Tripode (voir Vigile) et cette pépite « De pierre et d’os ».

Son écrin est superbe, une couverture qui invite au rêve, à l’évasion réalisée par Juliette Maroni. A l’intérieur de cet écrin une plume enchanteresse, poétique qui nous emmène en Arctique à la découverte des Inuits et de leur mode de vie.

Bérengère Cournut nous propose de suivre le destin d’Uqsuralik, une jeune inuit qui suite à de fortes douleurs au ventre, sort de l’igloo en pleine nuit pour découvrir qu’elle est devenue femme. C’est un bouleversement qui se déroule en elle, une étape.

Tout à coup, un immense craquement et la banquise se fendille en deux laissant d’un côté l’igloo familial, ses affaires, ses attaches.

Son père sort rapidement et lui lance une amulette – une dent d’ours pour la protéger – une peau d’ours et un harpon qui malheureusement se cassera en arrivant à proximité d’Uqsuralik. C’est tout ce dont elle disposera pour survivre, enfin presque car trois chiots la regardent en grognant ainsi que sa chienne Iksaluk.

Commence alors une longue marche vers la survie, son apprentissage à la vie, sa quête d’identité. Un magnifique roman d’initiation.

L’écriture est poétique, les différents chapitres entrecoupés de chansons, de complaintes magnifiques. C’est beau, original, touchant, ce sont des respirations dans ce monde souvent hostile.

C’est l’Arctique, les conditions de vie difficiles du peuple Inuit qui nous sont contées avec beaucoup de pudeur et de délicatesse. L’écriture est superbe.

Ce voyage initiatique qui aborde la vie de tous les jours, la chasse, l’errance, la cueillette, les réserves, les constructions des maisons d’été et de glace, la vie communautaire mais aussi la difficulté d’être femme, de trouver sa place, la nécessité de la maternité, l’amour, la mort, la vie et ses traditions.

On vit au rythme des saisons, du temps qui passe, à la rencontre des gens, des tribus. On découvre la beauté de la nature mais aussi les conditions extrêmes lorsque les éléments se déchaînent, ses dangers.

Un autre aspect très important et non des moindres est mis en avant, c’est le pouvoir des esprits, le monde obscur des chamanes. C’est fascinant, éblouissant.

Un récit qui sort de l’ordinaire, que je n’ai pu quitter. Une très belle découverte que je vous recommande vivement.

Un immense coup de coeur

Les jolies phrases

Un iceberg est un monde qui peut basculer à tout moment.

Nous allons loin parfois. Au-delà de la baie, au pied des icebergs qui passent au large. Ces géants de glace sont comme des montagnes posées sur l’eau. Aux heures où le soleil monte dans le ciel, ils sont éblouissants, on ne peut pas les regarder sans se blesser les yeux. Ils parlent une langue étrange – de succion, d’écoulements et de craquements. Ils sont plus imprévisibles encore que la banquise.

Nous avons atteint la montagne. L’homme guidait ses chiens entre les monticules, les crevasses. La pente glissait sous leurs pattes comme un saumon bien gras dans la gueule d’un ours. Des larmes de froid coulaient sur mes joues et la lumière s’intensifiait à mesure que nous montions. D’où nous étions, le rivage apparaissait parfaitement blanc. Il étincelait même, plus lumineux que la banquise encore grise par endroits. Au loin, la mer était sombre. Je ne me souvenais pas d’avoir déjà vu l’eau libre en cette saison. Sans doute parce que je ne suis jamais montée si haut dans la montagne en hiver.

Ma vieille mère a d’ailleurs décrété qu’elle ne s’approcherait plus de l’eau ni de la glace lisse. Elle ne veut plus voir son visage. « Quand on a une fille qui s’apprête à avoir des petits-enfants on ne doit plus essayer de regarder ses rides, assure-t-elle. Ce sont des crevasses profondes dans lesquelles on tombe trop facilement. »

Durant ma longue vie d’Inuit, j’ai appris que le pouvoir est quelque chose de silencieux. Quelque chose que l’on reçoit et qui – comme les chants, les enfants – nous traverse . Et qu’on doit ensuite laisser courir.

Retrouvez Nathalie sur son site 

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