On a tous en mémoire les images de cette jeune Afro-américaine qui tente d’accéder, sous les cris et les huées, à l’entrée du lycée de Little Rock (Arkansas) jusque là réservé aux élèves blancs.
En lisant « Little Rock 1957 » j’ai pu mettre un nom sur le visage de cette jeune fille : Elisabeth Eckford. J’ai aussi découvert l’identité et l’histoire des 8 autres lycéens qui, en 1957, ont osé s’inscrire dans ce lycée soulevant un énorme tollé.
En effet, Little Rock, Arkansas, est une petite ville des états du Sud où règne en maître la ségregation. Thomas Snégaroff remonte aux origines : les sudistes n’ont jamais digéré la défaite de la Guerre de Sécession et l’abolition de l’esclavage.
Il démontre fort judicieusement les ressorts de la rage des habitants blancs de cette cité à l’annonce de la mixité annoncée, les motifs invoqués : l’angoisse du métissage, l’intégration scolaire serait pilotée depuis Moscou (n’oublions pas que nous sommes alors en pleine guerre froide) dans le but unique de bâtardiser la race blanche…
Ces 9 garçons et filles, qui n’avaient qu’une envie : suivre une bonne scolarité, et qui avaient été sélectionnés sur la base de leurs excellents dossiers scolaires, vont vivre pendant une année un véritable enfer.
Les déchaînements de haine et de violence, y compris des sénateurs et gouverneurs alors en poste, vont contraindre le Président Eisenhower à intervenir et envoyer l’armée. Pendant tout un trimestre, les 9 lycéens seront escortés chacun par un soldat qui les attendra devant la salle de classe. Ce qui n’empêchera pas les agressions physiques et harcèlements en classe, à la cantine et aux toilettes.
Le grand intérêt de ce livre, c’est que l’auteur révèle l’histoire de ces familles noires, leur courage. Les menaces étaient leur lot quotidien, des pères et des mères de famille ont perdu leur emploi sans raison. Mais il met aussi en lumière le contexte politique, économique et social nous permettant ainsi de mieux comprendre la situation de l’époque.
Mais peut-on dire que la situation actuelle est meilleure ? Loin s’en faut : » La reségrégation scolaire est une réalité nationale que nul ne peut nier aujourd’hui ». C’est ce qui ressort d’un rapport portant sur les écoles du sud des Etats-Unis publié en mai 2017. Triste et accablant constat.