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coup de coeur
Pour le Goncourt 2019 Nos chers voisinsAh, le rêve français d’accès à la propriété ! Dans le dernier roman de Julia Deck, ce souhait devient réalité pour un couple de bobos parisien, les Caradec. Charles, névrosé, est en arrêt de maladie ad vitam aeternam, et sa femme, la narratrice, travaille pour un bureau d’urbanisme. Après trente ans de vie commune en location, ils ont trouvé l’endroit idéal, en adéquation avec leur conscience écologique, et ont déménagé dans un écoquartier de banlieue, un ensemble de logements avec jardins, terrasses et panneaux solaires. Une semaine après les Caradec, les Lecoq emménagent à leur tour dans la maison mitoyenne, mais la rencontre avec cette famille envahissante et bruyante gâche le sentiment de satisfaction des premiers. Et ce n’est qu’un début. Au fil des mois, les ennuis s’accumulent : chat intrusif, échangeurs thermiques en panne, isolation phonique défaillante, travaux insupportables qui mettent leurs nerfs à vif, et pour comble, tous les voisins semblent s’apprécier, organisent apéritifs et petites fêtes en excluant nos Caradec… Mais peu à peu le vernis s’écaille, les commérages circulent, la proximité se transforme en promiscuité étouffante et la vie de l’écoquartier ne ressemble plus du tout au vert paradis acheté sur plan. C’est le ton caustique qui fait la saveur de ce roman. La société, et particulièrement la classe moyenne supérieure, est observée par l’auteure avec une ironie sans pitié qui laisse apparaître l’individualisme et les mesquineries ordinaires derrière les façades. Satire sociale et variation sur le couple, le titre évoque autant les biens immobiliers de la communauté de voisinage que l’intimité du couple qui s’érode. Un roman acide et jubilatoire sur nos façons d’habiter l’espace contemporain.
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