Rebecca est belle, plus que ça même, solaire. Elle est drôle, fantasque, personne ne peut lui résister. Et surtout pas son mari, Anton, ou ses trois filles, Justine, Laurette et Ninon. Lorsque Rebecca va bien, c’est la fête au château. Crêpes à gogo, contes de fées réinventés, danses endiablées. Malheureusement, Rebecca va rarement bien, ou plutôt reste rarement bien longtemps. Tout a commencé alors qu’elle n’était qu’une enfant : un père médecin, une mère pharmacienne lui ont donné envie de composer ses propres mélanges avec ce qu’elle trouvait dans l’armoire à médicaments. Elle les a goûtés, puis goûtés encore, jusqu’à ne plus pouvoir s’en passer. Anton le savait lorsqu’il l’a rencontrée. Mais il espérait la sauver, pensait que son amour lui ferait oublier les opiacés, que ses filles deviendraient sa priorité…
Clarisse Gorokhoff, dont on imagine que ce troisième roman est d’inspiration autobiographique, s’inscrit dans la lignée de ces auteures dont la plume vient au secours d’une enfance turbulente pour rappeler qu’elle ne fut pas que cauchemardesque, loin de là. Pas plus que leur mère n’était indigne… Il y eut Delphine de Vigan (« Rien ne s’oppose à la nuit »), Isabelle Carré (« Se souvenir des belles choses »), Violaine Huismans (« Fugitive parce que reine »), Clémentine Autain (« Dites-lui que je l’aime »). Des histoires d’amour qui à la fois se ressemblent et sont très personnelles. « Les Fillettes » raconte le manque. Celui que Rebecca éprouvait chaque matin en se levant et la poussait à replonger. Celui que ses trois filles éprouveront après sa disparition. « Lorsqu’on perd un être crucial, si jeune, écrit Clarisse Gorokhoff, on aspire alors plus qu’à une chose : faire pour le restant de notre vie ce que l’on aime, le faire passionnément… Et qu’on nous fiche la paix. » D’une écriture très tenue, mélange de gravité et de légèreté, ce roman s’inscrit dans la lignée de ces textes qui d’une failure intime font un livre universel.