Le Corbusier est déjà connu, même s’il n’est pas encore reconnu, lorsqu’en octobre 1927 Charlotte Perriand, pétrie de trac, pousse la porte du 35, rue de Sèvres, l’atelier que l’architecte partage avec son cousin Pierre Jeanneret. L’accueil n’est pas des plus chaleureux mais cette rencontre annonce le début d’une longue collaboration entre ces trois tempéraments.
Durant les premières années, la jeune Charlotte accepte de rester dans l’ombre, parce que cette association la stimule et lui offre la possibilité d’exprimer son talent. Peut-être aussi parce qu’elle est tombée amoureuse du doux et tendre Pierre Jeanneret.
Pierre et Charlotte ne sont pas très bien traités par le maître et une fois la fascination envolée (même si elle n’a jamais renié l’admiration qu’elle portait au travail du Corbusier), elle va peu à peu prendre ses distances pour proclamer « Et devant moi la liberté ». La liberté commence par le voyage : Japon, Indochine. Mais c’est la guerre et il lui est impossible de rentrer en France. Heureusement, elle a rencontré Jacques Martin, à Hanoï, alors qu’il est directeur des affaires économiques du pays. Ils se marient en 1943, ont Pernette l’année suivante, et après de nombreuses aventures où mère et fille manquent y laisser leur vie, toute la famille se retrouve à Paris.
Si Corbu et Charlotte ne s’étaient pas quittés en très bons termes, le premier accusant la seconde d’être ingrate, cela ne les empêchera pas de travailler à nouveau ensemble, notamment sur le projet de la cité radieuse de Marseille.
Charlotte Perriand, née en 1903 et décédée en 1999, a pleinement habité le siècle. Dans ce journal imaginaire, on a l’impression que Virginie Mouzat s’identifie à elle et nous embarque, à ses côtés, dans cette aventure intime, romanesque, artistique et esthétique. Et c’est un superbe voyage.
Une exposition sera consacrée à Charlotte Perriand à partir du 2 octobre à la Fondation Louis Vuitton.