Décidément, Jérôme Attal a bien du talent et il le prouve dans « Une petite sonneuse de cloches » paru chez Laffont pour la rentrée littéraire 2019.
Me faire cheminer auprès de Châteaubriant que je n’avais pas vu depuis mon lycée au moment où lui, dépenaillé, affamé et presque halluciné depuis sa fuite de la jeune France républicaine virant Terreur, cherche à retrouver la sensation d’un baiser laissé par « Une petite sonneuse de cloches » !
Mais, il n’est pas seul. Car, en général, l’entreprise d’un fou n’est jamais solitaire! J’ai rencontré aussi Joachim J. Stockholm poursuivant la recherche de son père tout juste décédé, professeur de littérature française, sur la dite phrase trouvée dans les mémoires du grand écrivain. Aux cours de son enquête sur « la petite sonneuse de cloches », Joachim rencontre une jeune fille, Mirabelle, elle-même intéressée par la même question…avec plus car affinités !
Jérôme Attal décortique ce détail (cela devient une habitude) pour nous proposer une approche du romantisme. De François-René (père du mouvement) à notre époque moderne : l’amour douloureux, la passion contrariée et la nostalgie d’un instant si ardent, mais aussi la liberté d’aimer. « Je n’ai jamais rencontré une telle personne de tout mon existence. Il faut toujours les séduire. Ou les forcer. Ou les épouser. Ou les trois à la fois. Mais qu’une fille te donne spontanément un baiser, ça non! » nous dit l’écrivain du début du 19ème s, après cette période de libertinage décrite. Jérôme Attal ajoute « En amour toute demande d’explication est prise pour une plainte. » mais rappelle que » Il n’y a pas de permanence à la félicité. »
Alors comment faire perdurer ce moment fugitif ! Le souvenir, certainement, mais surtout la littérature …« Les livres sont faits pour durer plus longtemps que les passions inextinguibles qui les commandent, mais ne les secouez plus trop, ils sont pleins de vérités tues que le cœur ne pouvait supporter de garder pour lui seul. » Jérôme Attal aime (cela se sent tout au long de son livre) se livrer à un « libertinage des mots« : des trouvailles, des expressions qui font mouches, des formules aussi : « On retient pour toujours ce qui nous échappe à jamais.« Et, clin d’œil pour ses lecteurs : « Mais y-a-t-il seulement des fautes de lecture? » oh, oui, juste des lecteurs qui font renaître leurs mots !
Le livre nous plonge aussi dans la ville de Londres (magnifique Westminster) et au sein de ces migrants aristocratiques qui fuient la guillotine. Jolie façon de nous parler d’immigration !
Avec « Une petite sonneuse de cloches« , Jérôme Attal nous parle d’amour romantique, de son Londres qu’il connait bien, de l’importance de la littérature et du cinéma et de ses auteurs préférés en conjuguant fantaisie et humour pour nous faire cheminer dans cette histoire poétique qu’il nous propose comme une vraie enquête. Encore une réussite !
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