« A Nu Paris » est la capitale littéraire de cet automne. Rarement, un livre délivre autant d’aura. Il devient un allié, le bâton de pèlerin, le plan d’une ville qui s’effeuille peu à peu. Il ouvre les berges d’une ville nouvelle, accorde la grâce aux regards baissés. « Sur les ponts, on ferme des cadenas avec des initiales. C’est un ex-voto, une demande faite aux dieux pour que l’amour s’accroche…. La Seine ? C’est la ligne de vie de Paris. » Semant des cailloux, Igor Quézel-Perron invite au ballet de ses textes, architectures magistrales. Digne d’un génie évident, on devine une puissance littéraire hors norme. Créatrice, confiante, généreuse, elle inaugure l’alphabet salvateur d’un Paris qu’aucun avant Igor Quézel Perron n’avait pressenti le regain dans un XXI ème siècle à l’aube née. « Les stations tintent. On s’observe dans notre roulotte d’acier. La trame transporte les idées dos à dos. J’épouse le relief des autres. » La promenade parisienne dont les saveurs exquises, attentives, font écho dans l’âme de ce passeur du Verbe sont d’une richesse incommensurable. « Ce petit bout de tissu est le dernier. Un projet retient sa chute. Un monde ploie. Je découvre une signature. Un horizon. Tout devient NIL. Qu’importe les impôts, les tables de la Loi ? Mon cœur s’échappe. Par pudeur, je commande la nuit. » Comment ne pas s’attacher à cet invisible qui frétille, au tremblement de la beauté. Paris n’a plus son manteau glacé, lourd de pluie. Non. Ici, rayonne la magie d’un ciseleur qui joue à la corde à sauter sur l’arc-en-ciel de la vie. « Je veux de l’intimité avec Notre Dame. Un coin vierge, sa célébrité a épuisé les pierres. » On aime Lola son inspirante, sa muse. « Si j’étais Louis XXI, je fouillerais le jardin pour savoir ce que tu as regardé…. Un quatuor éparpillé jouerait une musique pour s’échouer… Il y aurait une pièce de théâtre avec un seul acteur. Il expliquerait l’histoire d’un mot étranger. Un mot venu de Perse, trouvé sous une pierre. On apprécie son chien, un double métaphorique, observateur lui aussi de ce Paris. Qui est qui ? On devine une subtilité, des signes, des points virgules. On s’élève dans cette balade dans l’idiosyncrasie d’un Paris emblématique où « Une lumière clignote sur une éolienne. Je m’assoupis en guettant les petits bruits du train. Aujourd’hui, plein de gens auront fait des choses… Moi, j’ai vu un homme dans un pré. » Ces textes sont des rais de lumière. Un manège avec des chevaux en bois dont rêvent les adultes aux regards printaniers. « La place Dauphine cachait son triangle de ses mains. Hausmann fut ému par sa pudeur. Il ne l’a pas touchée, et lui a offert le quai à fleurs. » Cette Odyssée parisienne est une noria de pas salvateurs. « Cet homme s’est levé, a regardé la ville et a dit : Un jour il fera rectangle. » « Chaque jour, je suis un ouvrier différent. J’ai portant les mêmes outils. Quand je fais l’intelligent les corbeaux se moquent. » Paris s’élève. L’Homme s’efface. Ses écrits « Comme la case d ’une marelle sur laquelle la pierre s’est arrêtée. » entre ciel et terre sont le miracle d’un poète, d’un Sage sublimant les conjugaisons sensorielles. Avec cette sincérité loyale, Paris se déshabille, divine. L’aube ne doit pas trembler, craindre les brouillards, les doutes frileux. « A Nu Paris » est une myriade littéraire, des fiançailles symboliques avec une ville dont Igor Quezel Perron connaît par cœur les arcades, le chemin qui mène au labyrinthe. Ce récit poétique est un allié. Un plan à relire, grapiller, retenir. Un guide de voyage romantique. Un périple ésotérique, intime, amoureux. Un parchemin pour les jours sans. « Je suis Vulcain dans une forge d’impressions mêlées. » L’homme parle « Des mots d’interlude nés d’intentions blanches ». Illustré par Louise Hourcade en touches fines et délicates , Publié par Les Editions Envolume A Nu Paris est le pictural de la vie.