A Panxon en Galicie, le corps d’un homme, les mains dans le dos liées par une bride en plastique, est retrouvé, flottant près du rivage. Que Justo Castelo dit « Le Blond » ait choisi de mettre fin à ses jours de cette manière si définitive n’étonne personne. Dans le village, on le savait dépressif depuis quelque temps. Pourtant l’inspecteur Caldas ne partage pas cette analyse. Il lui semble très improbable que le marin se soit attaché les poignets avant de se précipiter de son bateau dans la mer. D’ailleurs l’embarcation est toujours portée disparue. Quant au cadavre, il porte au visage la trace de coups violents. Assisté de son adjoint, l’Aragonais Estevez, le policier commence son enquête dans les bars mais aussi au marché à la criée le matin.
Mais les Galiciens ne sont guère causants. Ils préfèrent se taire plutôt que de lâcher la moindre information. La persévérance du policier a toutefois raison du silence des villageois. Une sombre histoire de naufrage remonte à la surface. Dix ans plus tôt, le Blond accompagné de deux autres pêcheurs, tous natifs de Panxon, s’étaient embarqués sur le Xurelo du capitaine Sousa. Ce 20 décembre, le temps était à la tempête et le bateau avait sombré, emportant dans les flots le capitaine. Seuls les marins avaient survécu mais depuis ce jour aucun d’entre eux ne s’adresse plus la parole.
Progressivement les langues se délient et circulent de biens curieux bruits qui parlent d’apparitions du Xurelo mais aussi de son capitaine. Pour certains ; il ne fait aucun doute que Sousa est revenu se venger et que le Blond est sa première victime. Le lieutenant Caldas est bien trop cartésien pour se satisfaire de ces conversations de comptoirs échangées sous le manteau. Qui a jamais vu un fantôme commettre un crime ? Pourtant de plus en plus d’indices convergent dans cette direction. Sousa a-t-il vraiment péri ce 20 décembre? Lorsque la vérité se fait jour, c’est une toute autre affaire qui est révélée.
Domingo Villar, Galicien comme son principal protagoniste, nous entraine dans une intrigue brillante, admirablement campée dans cette province d’Espagne. Les descriptions vivantes, les personnages si justes confèrent à ce thriller une pâte incomparable. Ces marins silencieux, ces bars dans lesquels se disputent des tournois de dominos, on les voit, on les sent. Et ce qui ne gâte rien, l’auteur instille dans ses pages beaucoup d’humour. Les dialogues entre l’inspecteur galicien et son adjoint aragonais en réjouiront plus d’un.