l e c r i t i q u e i n v i t é Alexandre Fillon (Lire, Le Figaro, Sud Ouest) a choisi «Jetez-moi aux chiens» de Patrick McGuinness traduit de l’anglais par Karine Lalechère (Grasset) « J’avais déjà adoré son roman précédent, « Les cent derniers jours » paru en 2015, un livre puissant autour de la chute de Ceaucescu, un récit dans la lignée de John Le Carré ou Graham Greene, et je m’étais dit que ce type en avait sous le capot. Dans « Jetez-moi aux chiens », il joue à nouveau avec les codes du polar. Une femme est retrouvée morte étranglée, chez elle, et le suspect numéro 1 est un de ses voisins, un professeur à la retraite, M. Wolphram. Cet homme de 68 ans enseignait dans un collège pour garçons, et a décidé de prendre une retraite anticipée lorsque l’école s’est ouverte aux filles. Il est célibataire, austère et méticuleux, il aime les livres, le rock, l’opéra. Il est mis en garde à vue, accusé par tout le monde, les journaux, les réseaux sociaux. L’enquête est menée par deux policiers, dont l’un est un de ses anciens élèves, un beau personnage, une sorte de antihéros. Mais M. Wolphram est-il vraiment coupable ? C’est un roman très subtil sur la société d’aujourd’hui, sur les media, les enflammements, l’hystérie collective. Ce qui m’a beaucoup plu, c’est que l’on croit d’abord à un policier à l’ancienne presque plan-plan tant il semble classique. Patrick McGuinness a choisi un rythme lent (même si on ne s’ennuie jamais), pour parler du monde d’aujourd’hui, de ses délires, de son manque de recul, de ses bouleversements. Ce roman est mon gros coup de cœur de la rentrée, il est formidable du début à la fin. » Propos recueillis par Pascale Frey |
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