o n l a v u Que reste-t-il de nos amours ? demandait Charles Trenet. Vaste question à laquelle a décidé de répondre par une série, le créateur David Simon. L’un des masterminds de la création sérielle américaine s’est dédié à l’amour dans « Treme ». voir la bande annonce (V.O) Une série qu’il a co-écrite avec son complice Eric Overmyer. On est loin de la violence et de la corruption systémique qui était l’objet de son chef d’œuvre « The Wire ». Loin d’une ville pourrie jusqu’à sa moelle, Baltimore. La ville où il a longtemps été journaliste avant de décider que la fiction était plus pertinente que la réalité pour parler du monde d’aujourd’hui. Cap au Sud. Pas celui des paradis artificiels de Miami. Pas celui des rednecks du Texas. Non bien plus loin. En dessous du Sud, même. Comme aiment à le dire les gens des Bayous. En Louisiane. Dans la ville monde de New Orleans. Le melting-pot ultime. Où la musique, la cuisine, la littérature, la danse, la peinture se répondent. Se nourrissent. S’enrichissent. Comme les habitants de la cité. Une ville pour laquelle David Simon a un attachement infini. Parce qu’il y voit le berceau culturel de ce que l’Amérique a produit de meilleur « la musique afro-américaine ». Du jazz, au blues, au R’n B jusqu’au rock’n roll… Et comme il ne sera question que d’amour, le duo s’offrira le luxe d’ignorer l’une des règles de base posée par Aristote dans sa poétique : la nécessité d’un antagoniste. Une décision périlleuse. Mais une décision qui fait à la fois la singularité et la force de « Treme ». Annie, la violoniste, Delmond, le trompettiste, Janette, la chef, Toni, l’avocate, Antoine, le tromboniste ou encore Davies, le DJ, tous les autres… Immédiatement, on fond pour des personnages qui se débrouillent comme ils peuvent trois mois après le passage de l’ouragan Katrina dans une ville dévastée et laissée à l’abandon par le pouvoir fédéral. Enfin, qui se débrouillent comme ils savent, plutôt. C’est-à-dire ensemble. En se serrant les coudes chaque jour pour lutter contre la moisissure qui ronge leur maison et pourrit leur vie. D’eux, David Simon a dit : « Ce sont les êtres humains les plus complexes que j’ai jamais réussi à écrire. Pour moi, ce sont exactement des gens que vous verriez en vous promenant dans les rues de la Nouvelle-Orléans ». Peu de séries proposent une ballade et une balade. « Treme » est l’une de celle-là. Pour ceux qui acceptent de se laisser bercer par sa sublime musique et gagner par son humanité elle restera gravée. À jamais. |
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