Pour qui connait Jeanette Winterson, ce livre est sans conteste le plus abouti. Étonnant quand on sait qu’elle l’a écrit en 1987 à l’âge de 28 ans (son quatrième livre). Avec deux personnages-narrateurs, elle nous plonge dans la folie glaciale des campagnes de Napoléon et parallèlement dans une Venise souterraine humide et pleines de fantômes. Ce qui relie ces deux personnages, c’est la passion. La passion qui dévore, celle dont on ne peut plus se passer à moins de la fuir, en espérant qu’elle ne vous rattrape pas. L’écriture de Jeanette Winterson emporte son lecteur qui est pris dans la vague des mots sans pouvoir reprendre son souffle. Alternant les rythmes, elle donne autant à voir qu’à sentir. On sent le froid de la campagne de Russie, l’humidité des canaux souterrains de Venise. On voit le coeur de l’amante arraché par la passion, les tripes du mari sauvagement occis, les mains du joueur qui a perdu sa vie au casino. Entre Virginia Woolf et Haruki Murakami, Jeanette Winterson nous en raconte des histoires et on y croit!
