Là où chantent les écrevisses
Delia Owens

traduit de l'anglais par Marc Amfreville
Seuil
janvier 2020
480 p.  21,50 €
ebook avec DRM 15,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu
coup de coeur

Une vie de solitude

C’est d’abord sa mère qui est partie. Chancelant sur ses plus beaux escarpins en faux croco, celle-ci a quitté une vie qu’elle n’avait pas choisie et un mari menteur, perpétuellement ivre à la main leste. Puis ses frères et sœurs, les uns après les autres, ont déserté ce foyer qui n’en était plus un depuis longtemps. Ils s’en sont allés sans se retourner, et sans se demander comment leur cadette, Kya, allait survivre seule avec son père. Puis finalement lui aussi s’est évaporé dans la nature. Ce n’était pas plus mal, mais se retrouver seule à dix ans, sans un sou, dans une masure au milieu des marécages, c’est plus effrayant que des histoires d’ogres et de sorcières. Alors cette solitude, Kya a fini par l’apprivoiser. Ces marécages étaient son terrain de jeu, elle vendait des moules contre de quoi s’acheter tout juste à manger. Et heureusement, elle a fait de belles rencontres : Tate qui lui a appris à lire et à écrire ; Jumping, propriétaire d’un petit magasin qui, dans la mesure de ses moyens, lui fournissait de quoi se ravitailler et s’habiller. « La fille des marais » comme l’avaient surnommée les habitants de Barkley Cove, une petite ville de Caroline du Nord, était pour eux une créature bizarre, peut-être maléfique, mais personne n’eut jamais l’idée de lever le petit doigt pour aider cette enfant abandonnée. Et l’inévitable drame survint… Ce livre, dans lequel la nature est omniprésente, est l’œuvre de Delia Owens, diplômée en zoologie et en biologie. C’est son premier roman, alors qu’elle a 71 ans. Elle avait écrit des ouvrages savants, mais jamais de fiction. Elle a eu raison de se lancer. Sa tentative a été accueillie par des millions de lecteurs. Rejoignez-les au plus vite !

partagez cette critique
partage par email
coup de coeur

« Là où chantent les écrevisses » de Delia Owens
est le coup de coeur de la librairie Le Failler à Renne
et de la Maison du livre à Rodez

dans le q u o i  l i r e ? #98

partagez cette critique
partage par email
 Les internautes l'ont lu

Portrait d’une femme sauvage : une héroïne en demi teinte.

Confinement oblige, j’ai eu envie de lire ce roman à la très belle et très attirante couverture pour changer de décor et m’évader.
L’entrée dans l’histoire est aisée, j’ai été vite prise par l’ambiance sauvage de la Caroline du Nord, et surtout j’ai tout de suite aimé le côté robinsonnade, la survie dans des conditions difficiles, la maison-cabane cachée. La description des relations familiales de Kya m’a touchée, et m’a fait penser, par certains aspects, à certains ouvrages de Joyce Carol Oates ou de Laura Kasischke.
La figure féminine qui est proposée est intéressante à plus d’un titre. Très débrouillarde, vive, spontanée, proche de la nature (pour ne pas dire la nature personnifiée), Kya grandit seule ou presque. Tout change lorsque Tate, un jeune garçon rencontré dans le marais, entre en scène. A partir de ce moment, mon plaisir à la lecture s’est trouvé amoindri. En effet, j’ai eu l’impression de lire de plus en plus de clichés sur les relations homme-femme, sur la « faiblesse » et la « vulnérabilité » d’une jeune femme livrée à elle-même. Je n’ai pas aimé du tout le fait qu’elle soit assujettie à l’amour d’un homme, qu’elle lui doive le fait d’apprendre à lire et à écrire. Cet effet « pygmalion » m’a vraiment dérangée.
L’autre point qui m’a gênée dans ma lecture a été l’inclusion de plus en plus importante de poèmes. Au début, c’est agréable, et puis très vite, j’ai trouvé cela artificiel.Pourtant, j’ai particulièrement détesté le moment où l’auteur indique que Tate « avait toujours jugé ces poèmes assez inintéressants » (p. 474)…Même si moi aussi, en tant que lectrice, je n’ai pas forcément adhéré à ces textes, le fait que ce personnage soit aussi méprisant envers les goûts de celle qu’il dit aimé m’a heurtée.
La vision des relations sexuelles, et de ce que devrait être le comportement d’une jeune fille « sans personne pour la protéger » (p.357) m’a surprise et un peu agacée.
Dans un monde post #metoo, j’aurais vraiment aimé lire l’histoire d’une héroïne qui ne laisse pas les hommes de son entourage avoir autant d’emprise sur sa vie. Finalement, les seuls figures masculines positives sont Jumping, son avocat, et dans une moindre mesure Tate. Quant aux figures féminines, elles brillent par leur absence…Elles n’apparaissent que de loin en loin, comme une espèce d’entité floue et hostile la plupart du temps (mères de famille, petites filles de l’école, adolescentes, aide sociale…).
Finalement, le plaisir et le dépaysement ont été là, mais trop de clichés et de maladresses les ont un peu ternis. Ce roman reste tout de même un moment de lecture détente agréable si l’on n’est pas trop regardant sur la question des relations homme-femme.

partagez cette critique
partage par email
 
coup de coeur

Enorme coup de coeur pour ce premier roman !!

Kya est une petite fille qui est née et a grandi dans les marais entourant la petite ville de Barkley Cove en Caroline du Nord. Ses parents se sont installés là avec ses frères et soeurs en raison de leurs problèmes financiers.

Alors que la fillette n’a que 10 ans, sa mère abandonne la famille. Elle sera suivie quelques semaines plus tard par les aînés de la fratrie, laissant Kya seule avec leur père. Ce dernier, plutôt porté sur la boisson, ne montre aucun intérêt pour sa fille.

Si elle ne veut pas mourir de faim, la fillette va devoir apprendre à survivre par elle-même. Elle ne peut espérer aucun secours des habitants de Barkley Cove pour qui elle n’est qu’une sauvageonne, « la fille des marais » que l’on traite avec mépris.

C’est dans une grande solitude que Kya va grandir puisque son père, parti pour quelques jours, n’est jamais revenu. Mais Kya a une passion : le marais, toute la faune et la flore qui le peuplent. Elle y passe toutes ses journées. Sa communion avec la Nature est totale, son désir de la comprendre est inextinguible.

Elle adore particulièrement les oiseaux dont elle garde les plumes qu’elle trouve. C’est par l’intermédiaire des plumes que Tate, un jeune ami de son frère aîné, va réussir à l’apprivoiser en quelque sorte. Il lui fera un énorme cadeau : l’apprentissage de la lecture.

C’est un autre univers qui s’ouvre alors en parallèle pour Kya, sa vie en sera transformée.

Si j’ai immédiatement été happée par cette histoire très originale, le caractère des personnages, j’ai particulièrement apprécié les descriptions des paysages, toutes les références à la faune.

» Dominant le vacarme des vagues qui rugissaient, Kya appela les oiseaux. L’océan était la basse, mouettes et goélands, les sopranos. Piaillant et criaillant, ils voltigeaient au-dessus du marais et du sable, tandis qu’elle lançait des miettes de tourte et de son petit pain sur la plage. Les pattes dépliées, se tordant pour mieux voir, ils se posèrent. Quelques rares oiseaux picoraient gentiment entre ses orteils, et elle rit de leurs chatouilles jusqu’à ce que les larmes lui coulent sur les joues, et que, enfin, des salves de gros sanglots montent de sa gorge serrée. »

Des années plus tard, un cadavre d’homme sera découvert dans le marais. Kya est-elle pour quelque chose dans cette disparition ?

Roman à découvrir absolument !

partagez cette critique
partage par email