« Ne jamais regarder derrière soi » : c’est la devise du père de l’héroïne, surnommé Rodéo, un hippie grincheux mais tendre. Difficile pour une jeune fille de douze ans, contrainte de faire une croix sur leur passé commun… Mais Coyote s’en accommode et respecte, avec enthousiasme, leur mode de vie atypique. Au moment où l’histoire commence, les deux protagonistes vivent depuis cinq ans dans un bus scolaire jaune, typique des États-Unis ; Rodéo conduit où le vent le mène, au hasard de leurs rencontres et de leurs envies.
Le lecteur apprendra rapidement qu’un drame familial est à l’origine de leur escapade sans fin : la mère et les sœurs de l’héroïne ont péri dans un accident de voiture. Et par un accord tacite, ils ne peuvent ni parler du malheur qui les a frappés, ni évoquer les disparues.
Pour entretenir ce qui lui reste de lien familial, Coyote appelle sa grand mère tous les samedis à midi. C’est ainsi qu’au cours d’un appel téléphonique, cette dernière lui apprend une très mauvaise nouvelle : le petit parc de son enfance, là où elle a enterré ses souvenirs, dans un coffre, avec sa mère et ses deux sœurs, s’apprête à être rasé.
C’est le point de basculement. Coyote décide de rentrer chez elle. Cependant, elle n’est pas seule, et elle pense que son père n’acceptera jamais. Il faut donc le convaincre de rentrer, sans lui fournir, ni le but, ni la raison du périple de cinq mille kilomètres… Elle va devoir user de ruses et de stratagèmes pour le faire conduire plus loin que ce qu’il peut accepter, et aussi, sûrement, bien au-delà de ses propres limites et de ses sentiments refoulés.
C’est sans compter sur l’aide des différents auto-stoppeurs, que Coyote s’arrange pour inviter à bord du bus scolaire, qui vont bousculer leurs habitudes… et leur faire prendre un nouveau virage.
Le nouveau roman de Dan Gemeinhart est tout simplement impossible à lâcher, tant le récit nous maintient en haleine jusqu’au point final. Et les nombreux rebondissements ne sont pas seuls responsables : en effet, le personnage de Coyote, haut en couleurs, auquel le lecteur adolescent s’attachera indubitablement, n’a pas sa langue dans sa poche : elle est extravertie, effrontée, déterminée. Sa sensibilité reprendra le dessus, pour entamer une discussion pénible mais nécessaire avec son père, celle du deuil et de la manière dont les êtres humains gèrent leur souffrance. La jeune fille surprend par sa maturité, sa qualité d’écoute, et son immense joie de vivre : elle entraîne le lecteur dans un road-trip inoubliable. Rodéo devra revoir sa devise…
