Publié au Portugal en 1995, « L’aveuglement » raconte l’histoire d’une étrange épidémie.
Alors qu’il attend au volant de sa voiture que le feu passe au vert, un homme est pris tout à coup de cécité : il ne voit plus qu’un fond blanc laiteux. Paniqué, il ne sait plus que faire. Grâce à l’apparente générosité d’un passant (un voleur de voiture opportuniste) qui lui propose de le conduire jusqu’à chez lui, l’homme peut regagner son domicile.
Un médecin ophtalmologue acceptera de le recevoir à son cabinet en urgence. Et c’est là que l’épidémie va se déclarer : le médecin, toutes les personnes présentes dans la salle d’attente à ce moment là, la secrétaire, le voleur de voiture, tous deviendront aveugles dans les heures qui vont suivre.
Les autorités sanitaires décident alors de les placer tous en quarantaine dans un hôpital psychiatrique abandonné, insalubre, sans personne pour s’occuper d’eux sauf quelques soldats armés et postés à l’entrée qui vont leur déposer la nourriture dans la cour trois fois par jour. A charge pour les aveugles de se débrouiller par eux-mêmes.
Dès les jours suivants, le nombre d’aveugles ne cesse d’augmenter et les locaux sont rapidement débordés. Il n’y a plus assez de lits, certains dorment à même le sol et les conditions d’hygiène sont plus que déplorables.
» La cécité s’étendait, non pas comme une marée subite qui eût tout inondé et tout emporté devant elle, mais comme l’infiltration insidieuse de mille et un ruisselets turbulents qui, après s’être attachés à imbiber lentement la terre, la noient soudain complètement. Devant l’alarme de la société sur le point de prendre le mort aux dents, les autorités organisèrent à la hâte des réunions médicales, constituées principalement d’ophtalmologues et de neurologues. »
Le gouvernement, complètement dépassé, laisse l’armée tirer sur les aveugles qui tenteraient de sortir de l’enfer qu’est devenu ce lieu de quarantaine. Et ce d’autant plus, qu’un groupe de type malintentionnés (malgré leur cécité soudaine) décident de faire régner la terreur : rackets, viols…
Dans ce lieu clos, José Saramago dépeint les hommes et leurs comportements dans ce qu’ils peuvent avoir de meilleur et de plus abject.
Quelle idée me direz-vous de lire ce roman alors que nous sommes nous-mêmes au beau milieu d’une pandémie et confinés ?
Justement pour comparer la réalité de ce que nous vivons à ce qu’un écrivain Prix Nobel de Littérature avait pu imaginer il y a 25 ans.
Même si au début de ma lecture j’étais un peu sur le qui-vive me disant que si ça devenait trop dur j’arrêterais, je dois avouer que j’ai grandement apprécié ce roman, le style de Saramago et j’en recommande la lecture.