Gabriel, un adolescent de quinze ans, vient de perdre sa mère, Stella, décédée d’un cancer du pancréas. Même s’il s’y attendait, tout s’effondre, et lui avec. Désormais orphelin, il ne peut plus compter que sur sa tante et Irène, la meilleure amie de sa mère. Mais les deux femmes pourront tout faire pour le retenir, depuis l’enterrement l’adolescent furieux et sensible n’a qu’une idée en tête : emporter le cercueil de Stella dans une voiture rouge à roulettes, fabriquée de ses mains, afin qu’elle ne repose pas pour l’éternité auprès de son ex-mari, ce père qu’il a renié. Il sait bien qu’il va à l’encontre de sa dernière volonté, mais voir leurs deux tombes côte à côte lui est tout simplement insupportable.
Déterminé, il échafaude un plan pendant des semaines, et, un soir, il le sent, il est prêt : il s’en va déterrer sa mère du cimetière pour l’emporter sur les chemins. Il fuit loin des siens, seul, ignorant où cette aventure les mène, ne faisant confiance qu’à sa bonne « étoile » pour prendre les décisions à sa place. À l’issue de chaque rencontre – un couple, des adultes, des enfants -, il écrit sur la peinture rouge du chariot les prénoms de ceux qui l’ont aidé à avancer, ceux qui l’ont nourri, logé, réconforté. Bien qu’il n’évoque jamais son projet, ces rencontres s’effectuent le plus souvent dans la confiance et l’humanité. Un soir, fourbu, il pousse la porte du presbytère. Malgré son manque de foi, Gabriel retrouve la chaleur d’un foyer perdu en compagnie d’un prêtre qui ne le juge pas, mais le délivre de ce qu’il a entrepris au moyen d’une confession.
Très vite, le lecteur comprend que ces personnages rencontrés au détour des routes, conduiront le héros vers une cicatrisation, une possibilité de faire son deuil… et lui donneront peut-être la force de pardonner à ce père disparu. Évoquant un sujet grave, mais ne sombrant jamais dans le morbide, Alexandre Chandrin signe un roman lumineux. Il traite du deuil, du regret, de la colère enfouie, avec une tendresse incroyable ; ses mots poétiques renversent la situation et confèrent au héros, qui fait entendre sa voix, une personnalité bouleversante de sincérité. Gabriel joue aux durs, mais le parfum de sa mère dont il s’asperge chaque jour, offre l’image d’un garçon au très grand cœur, pétri de souvenirs funèbres et douloureux, auquel le lecteur adolescent s’attache et peut s’identifier.