Je t'aimerai toujours

Robert Munsch, Camille Jourdy

Que peut bien fredonner une maman en apaisant son tout-petit, dans l’intimité d’une chambre à coucher ? Ici, la berceuse qui parcourt l’ensemble de l’album exprime la douceur, le dévouement et l’amour éternel :

« Aussi longtemps que je vivrai,

Toujours je t’aimerai.

Jusqu’à la fin des temps,

Tu seras mon enfant. »

Inévitablement, le héros devient grand. À chaque double-page, son âge augmente, et il semble de plus en plus agité : la journée, un fossé se creuse entre la mère et son fils, cette dernière ne comprenant pas toujours ses fréquentations, ses jeux, et même ses choix de vie. Épuisée, en colère, elle est parfois tentée de « le vendre au zoo » ! Pourtant, quand la nuit tombe, elle se faufile dans l’obscurité jusqu’au lit de celui qui, même s’il est devenu un homme, n’en reste pas moins son enfant, et le berce tendrement, « en avant, en arrière, en avant, en arrière », en lui murmurant à l’oreille la berceuse originelle… Et tout redevient comme avant.

Outre les illustrations colorées de Camille Jourdy, qui empruntent à la bande-dessinée, attirant l’œil du lecteur qui peut s’attarder sur des détails – et il y en a à foison, la chambre et le salon en désordre témoignant du bouleversement d’un enfant au quotidien ! -, l’album apporte un témoignage vibrant, celui d’une mère courageuse mais possédant des failles, dont émane une tendresse extraordinaire. La volonté de transmission entre les générations est omniprésente dès la fin de l’histoire : le héros, adulte, n’hésite pas à bercer sa propre mère vieille et malade, et en rentrant chez lui, à fredonner la chanson entendue tous les soirs à son nouveau-né. Paru en Amérique du Nord en 1986, ce livre, classique remis au goût du jour, semble intemporel.

Pour visiter le blog de Camille Jourdy : http://camillejourdy.canalblog.com/