À l’issue d’une mutation, une famille change de domicile : une grande maison contre un appartement. Et c’est le cœur bien lourd que la jeune héroïne abandonne le lieu de son enfance : entourée de plantes et d’animaux, sourire aux lèvres, yeux fermés, elle exprime une plénitude rare, comme si sa demeure reflétait son mode de vie apaisant et protecteur. Ainsi, quitter la campagne pour la ville, lorsqu’on est une fillette amoureuse de la nature, quoi de plus déchirant ? C’est ce qu’évoque cet album aux mille couleurs de Melissa Castrillon. Peu de mots, des illustrations qui dévorent les pages… L’avantage, c’est de pouvoir raconter une histoire qui n’est jamais tout à fait la même.
Pour peindre la ville, l’illustratrice a utilisé des couleurs froides, insistant sur la tristesse de l’enfant qui abandonne ses repères. Au contraire, elle met en exergue l’atmosphère chaleureuse de la campagne au moyen de couleurs vives, où le vert et ses nuances, dominent. Mais les larmes de la fillette sèchent rapidement : elle parvient à retrouver son cocon, grâce aux graines emmenées avec elle. Les végétaux poussent, grimpent, remplissent l’espace, s’échappent des fenêtres en une explosion de teintes, pour le plus grand bonheur des voisins. Le quartier transformé peut à nouveau abriter la passion de l’héroïne.
Encore une fois, le style de Melissa Castrillon opère : elle emmène le lecteur dans un univers singulier, illustrant l’angoisse d’un déménagement, montrant à l’enfant que les repères existent en lui-même et non à l’extérieur, l’encourageant à s’ouvrir aux autres et à s’adapter. Un album qui, par son récit, sa poésie, et même son format raviront les plus jeunes et leurs parents.