Eau Capitaine ! Mon capitaine ! Vous avez eu mille vies !
On vous a vu sous les drapeaux, servir la république. Aperçu aux tableaux des classes éducatives. Mais votre bonhomie ne rentre pas dans ces costumes souvent mal taillés. Alors, vous décidez d’enlever le haut et le bas. Il ne restera que le maillot de bain.
Histoire d’eau !
A l’heure de la défense du genre féminin, voici qu’un homme vient nager dans les plates-bandes de la natation artistique (car il faut l’appeler ainsi, aux oubliettes la natation synchronisée !).
Dans ce monde aquatique bien régi, où l’on ne bouge pas du sourcil, où il faut sourire à vous écarteler les zygomatiques, vous éclaboussez les codes façon puzzle. Vous avez fait bouger les lignes…d’eau.
Eau capitaine ! Mon capitaine, vous êtes bien singulier ! Non seulement vous l’assumez mais vous en jouez, plutôt vous en nagez. La singularité à le goût du chlore. Peu importe vos formes, c’est du fond de la piscine que vous vous exécutez. A la recherche du beau geste.
Je vous le dis, j’ai peu d’accointance avec cette discipline sportive. Disons que j’en ai autant avec la natation artistique que je peux en avoir avec le curling. C’est dire !
Qu’importe, la curiosité aidant, me voici bien moins innocent. J’en serai presque à regretter le report des Jeux Olympiques de Tokyo. J’aurais pu me gargariser, devant mes amis. J’aurais pu expliquer la grue, les jambes de ballet, la crevette de surface et mon préféré : le coup de pied à la lune (pas pour la technique mais pour la poésie du terme).
Eau capitaine ! Mon capitaine, voici un ouvrage drôle et sans fard. Ici on appelle un chat un chat, un nageur, une nageuse. Il y a d’ailleurs un petit côté Audiard ou Frédéric Dard quand vous parlez des “neurochirurgiens du maillot de bain”.
D’ailleurs ce livre n’est pas qu’un témoignage. Il n’est pas que le récit d’un homme qui a voulu choisir sa vie. Il est un guide. A celui ou celle qui se sent pousser des nageoires, vous expliquez comment il faut s’y prendre. Il traînera au bord des piscines municipales, c’est évident.
Bien sûr, le cinéma s’est emparé du sujet, mais laissons “Le grand bain” à ce qu’il est, un divertissement. Vous n’êtes pas là pour amuser la galerie. Vous avez cette discipline chevillée au corps. Et vu comment vous faites tomber les murs édifiés de préjugés, je ne serai pas surpris que la natation artistique masculine ait un jour, les honneurs olympiques. Alors on érigera votre statue au bord d’une piscine suisse. Et une nuit vous viendrez la déboulonner. Car chez vous rien ne doit être immobile.
Eau capitaine ! Mon capitaine, bien sûr, on vous a moqué, raillé, vociféré…qu’importe ! Vous nagiez et bien, synchronisez maintenant !