C’est un premier roman (prix Goncourt du premier roman) et il est excellent : à la limite, voici tout ce qu’il est besoin de savoir sur « Un homme effacé » d’Alexandre Postel. La 4° de couv esquisse brièvement ce qui n’en constitue que le départ, à savoir l’arrestation d’un prof de philo universitaire et de bonne famille pour détention d’image pédopornographiques. C’est indéniable, son disque dur contient des traces de téléchargements illégaux et répréhensibles. Il nie, pourtant. A partir de là, c’est son histoire, son procès, la perception qu’ont les autres de lui qui se déroule, mais pas seulement. Sa propre perception de lui-même se modifie également, et surtout, il est impossible en commençant la lecture de seulement imaginer les sujets et les endroits que l’auteur va nous faire aborder : c’est excellent parce qu’on est surpris, jamais on ne va où on pensait se diriger; c’est excellent également parce que la langue est belle, un petit côté balzacien qu’on va pourtant assez rapidement occulter tant l’intrigue sait nous captiver (… « la malignité universitaire adoptait en général des formes plus cauteleuses : pareille infamie, en cas de découverte, coûterait cher à son auteur », c’est beau, non ?); c’est excellent enfin parce que c’est mordant, jusqu’au bout du bout avec un épilogue d’une ironie glaçante, tout autant qu’infiniment triste (un peu à l’image du personnage). Dévoré d’un bout à l’autre en une seule goulée.