Oriane Jeancourt
La critique invitée Oriane Jeancourt (Transfuge) a aimé « C’est un auteur que je suis depuis longtemps, depuis « Clémence Picot », mais je dois reconnaître que cette fois son nouveau projet me laissait sceptique. Comment écrire un roman sur cette affaire célèbre? D’autres écrivains s’y sont cassés les dents, mais eux partaient d’une thèse, alors que Régis Jauffret se contente de se placer au niveau des personnages, sans aucune analyse psychologique. Il y en a quatre: l’homme puissant, son épouse, Nafissatou Diallo, et l’écrivain. Celui-ci part enquêter en Afrique, dans le village de Nafissatou Diallo, puis il se rend à New York, où il tente sans succès de visiter la suite du Sofitel. Il est une sorte de guignol, qui emprunte des voies sans issue ; c’est un peu la panthère rose! Ce que les Américains appellent la « creative nonfiction » est la nouvelle forme de prédilection de Régis Jauffret depuis « Sévère ». Dans cette « Ballade de Rickers Island », il décrit un homme hyper-sexuel, politiquement dérangeant. Quant aux femmes, il les voit comme des martyrs. Il y a donc quatre voix différentes pour raconter une toute petite période de l’histoire, depuis l’arrestation jusqu’à la sortie de prison. Régis Jauffret a cette idée très étonnante, de s’emparer de la réalité, de l’examiner à la loupe et de faire apparaître mille possibilités de fiction. Il parvient à transformer le fait divers le plus médiatisé possible en un roman avec des personnages dont on oublie peu à peu qu’ils ont existé. C’est une sorte d’instantané d’un moment précis à un endroit précis. » Propos recueillis par Pascale Frey
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